Qu'écoutez-vous en ce moment?

En toute logique, "Wasp Stars", le 2e volume d'"Apple Venus", moins pop et orné, plus rock et brut, toujours dans la lignée des Beatles, mais tendance double-blanc (alors qu'"Apple Venus" est davantage dans la lignée de "Sgt Pepper's..."). Même si, comme je le disais, je le trouve moins impressionnant, ça reste du très beau boulot!



Dans les deux cas, le travail sonore et l'enregistrement sont remarquables!

Pierre a écrit:En tout cas, encore merci Renaud de m'avoir fait découvrir cette merveille, tu ne t'étais pas planté sur ce coup là!

Tu m'en vois ravi !
Cela fait des lustres que je n'ai pas écouté cet album qui est un vrai petit bijou au niveau de la délicatesse et de la beauté des compositions.
Ce qui m'avait particulièrement marqué c'est la clarté et la pureté du son assez exceptionnelles !

Renaud a écrit:Tu m'en vois ravi !
Cela fait des lustres que je n'ai pas écouté cet album qui est un vrai petit bijou au niveau de la délicatesse et de la beauté des compositions.

Je ne me souviens pas que nous ayons échangé sur le point suivant: as-tu déjà écouté "Wasp Stars", le 2e volume (avec la pochette noire)? Comme je le disais: énergie très différente, mais le son et la dynamique sont tout aussi excellents. Moins "somptueux", mais très efficace. Si tu ne le connais pas, je te conseille de t'y pencher, je pense que tu devrais aimer aussi avec, comme moi, un peu plus de réserves.

Je ne pense pas mais sans certitude aucune.
Le coffret dont tu parles me dit quelque chose, il faudrait que je fouille un peu....

Le fait d'en parler m'a donné envie de l'écouter, mais je n'ai jamais trop aimé "The Changeling", album un peu fourre-tout dans lequel se côtoient une volonté un peu conceptuelle, théâtrale, aux accents un peu prog et des titres énergiques, commerciaux, vaguement raccoleurs dont le dernier titre (le single) "Brave New World" fait directement référence à Huxley et "Le meilleur des Mondes", livre de chevet de Madame avec les oeuvres de Lovecraft.



Je crois qu'il y avait une volonté plutôt ambitieuse (peut-être même prétentieuse...)pour cet album, mais, pour moi, c'est tombé à plat et a commencé à marquer le début de la rupture... Je ne retiens que 2 titres: "Creepy Room":



Et "The Packt":



Et puis "Angel & Me" qui est plutôt surprenante dans son évolution et qui symbolise assez bien l'album:



Mais certains avancent que "The Changeling" fut son meilleur album... Pas pour moi en tous cas.

Après m'être refait la trilogie fantastique des Bathers (je ne m'en lasse pas, chaque album a vraiment son identité malgré, effectivement, cet aspect très cohérent), j'ai de nouveau ressorti un album que j'avais acheté au moment de notre boulimie collective du temps du forum de Swann (autour de la sortie d'"Aerial" et de cette kyrielle de nouveaux artistes passionnants au début des années 2000: Joanna, Regina, Patrick Watson, les Wainwright...). On cartonnait un max à cette époque, on ne savait plus où donner de l'oreille... Les temps ont changé, ça fait une éternité que j'ai pas entendu un(e) artiste nouveau (elle) qui me surprend et tient le coup sur la durée...



A Hawk & a Hacksaw "Delivrance". Tout d'abord, un très joli objet (cd sous format mini vinyle pochette ouvrante). Musicalement, une sorte de refonte de musique tzigane la plupart du temps très énergique, voire frénétique, avec tout un tas de chouettes instruments, et puis, de temps en temps, un morceau très mélancolique, pleurnichard comme les tziganes savent faire. Le son est malheureusement parfois assez moyen et le mec qui chante (heureusement très peu) possède une voix tout à fait inintéressante (en plus il chante en anglais avec un accent super zarbi, ce qui est assez déstabilisant, rigolo aussi...), mais l'ensemble est vraiment enthousiasmant et dynamisant. Un chouette album que je suis bien content de redécouvrir!

En ce moment, j'ai envie de me remettre à sortir de ma "zone de confort" musicalement, en ressortant des trucs que je n'ai pas écoutés depuis des lustres, mais la tentation de revenir aux valeurs sûres est toujours tentante...

Le format rectangulaire a de quoi surprendre, mais il s'agit d'une édition limitée qui ressemble à un livre complété d'un cd. Il s'agit pourtant bel et bien d'un album. Mais l'objet est vraiment intéressant, à mi-chemin entre recueil de poésies et album de photographies. Peu surprenant finalement venant de Patti Smith.
Album que je n'ai écouté que très peu depuis sa sortie... La Dame n'a jamais sorti d'album réellement décevant (à part peut-être "Gun Ho" que je n'aime pas des masses mais pas nul pour autant). Celui si commence pourtant sous de mauvaises augures avec ce rock calibré, sans originalité, puis, à partir de "Banga", ça redevient du Patti Smith pur jus qui se termine normalement par une reprise très réussie du "After the Gold Rush" de Neil Young, très semblable à l'originale (très dépouillée donc), mais avec sa voix inimitable, reconnaissable entre mille. Mais sur cette version, un titre bonus assez bouleversant en hommage à Robert Mapplethorpe reprenant le titre de son très beau roman "Just Kids". "Banga" est donc un album un peu bancal, avec des facilités et de grands mments (parfois frisant la prétention, mais c'est Patti Smith après-tout, ça faitpartie du deal).

Après, je suis passé à:



"Le Condamné à mort" est vraiment un très beau travail! Troublant, dérangeant, courageux. On se sort jamais indemne de l'écoute de ce disque, mais cette poésie mise en musique, mais parfois aussi  "déclamée" successivement par l'un ou l'autre des protagonistes, transporte tout le long une beauté vénéneuse et bouleversante. Je regrette un peu d'avoir tant tardé à m'y pencher même si "mieux vaut tard que jamais". Je savais qu'un jour ou l'autre, je l'écouterais, mais je redoutais un peu d'être plombé. Ce n'est aucunement le cas. C'est effectivement un disque rare et perturbant à plusieurs égards, mais il mérite vraiment d'être écouté, ne serait-ce que pour "l'expérience". Je l'aime vraiment beaucoup!

Je me suis dit que je reviendrais bien à Arcade Fire, pour voir... J'ai peut-être pas choisi le meilleur album... Au bout de 3/4 titres, je saturais, principalement à cause de la voix du mec qui a toujours l'air de chercher son souffle. Sinon, objectivement, c'est plutôt bien. Mais j'essaierai de me pencher de nouveau sur leur cas avec les premiers albums qui m'avaient assez enthousiasmé à leur sortie.

Du coup, je suis revenu à:



Je me souviens l'avoir beaucoup exploré à sa sortie, puis laissé un peu en plan. En fait, ce que j'aimerais, c'est que Björk arrête un peu, même le temps d'un seul album, de faire "son intéressante". Parce-qu'"intéressant", ça l'est à plein d'égards, et on le sait depuis longtemps. Mais je rêve qu'elle laisse un peu tomber ses explorations, ses expérimentations à base de ruptures, de dissonances, de répétitivité, de boucles interminables, de percussions métalliques, de mélanges étranges, de respirations, de roucoulades et qu'elle se concentre sur une forme de simplicité et d'harmonie car même si je trouve ça passionnant, ça m'épuise et me prend la tête. Parfois je me demande pourquoi elle n'isole pas un ou deux élément d'un truc beaucoup trop riche et surproduit pour essayer, avec une discipline différente de d'habitude, de nous faire un truc juste "émouvant", car elle a prouvé qu'elle était capable avec trois fois rien de nous pondre un super beau truc, peut-être moins élaboré, mais qui va droit au but. Cet album est parcouru d'une tonne de petits moments de beauté absolue, mais il faut qu'elle en rajoute, qu'elle se mette à redevenir "bruyante" d'un seul coup et de changer brutalement une règle dans laquelle on se sentait bien. Björk en fait trop! C'est un peu comme si elle était incapable une fois une idée trouvée de s'empêcher à passer vite-fait à autre-chose alors que, ben non, ce n'était vraiment pas nécessaire! Je me demande parfois si elle n'est pas un peu hyperactive. Et puis il serait aussi temps qu'elle abandonne des trucs qu'elle a trouvés depuis longtemps. Ca me fait penser à ces desserts anglais constitués d'une tonne de couches, de matières, de goûts et de couleurs différentes, alors que je me contenterais bien d'une crêpe ou d'une génoise...

Juste le "Gloria " de Vivaldi (Bach me saoule généralement assez vite...). je me souviens avoir parcouru une bonne partie de la Corse en voiture avec uniquement ce disque à fond et c'était juste PAR-FAIT! Rien à jeter, c'est beau, lumineux (c'est pour cette impression de lumière que j'aime Vivaldi), harmonieux, varié. Mais le "Et in terra pax" (le 2e mouvement) est particulièrement somptueux!

Bon, d'accord, c'est nul avec le son pourri de YT, mais c'est vraiment la meilleure interprétation qu'il m'ait été donné d'entendre malgré un son très basique:



Ca fait un bien fou après Björk...  

Je l'avais déjà écouté de façon distraite sur Bandcamp, histoire de me faire une idée de ce que The Bathers donnaient en dehors de la trilogie Marina. En fait, il s'agit d'une version remaniée (avec des titres inédits) du 1er album "Unusual places to die". Très agréable, plus inégal, mais toujours cette voix, peut-être moins bouleversante que sur "Sunpowder". On n'est pas au même niveau, que ce soit dans le songwriting, la production ou la qualité d'enregistrement. C'est plus banal, même si cette voix annonce de belles choses à venir. Je retiens "Odalisque" et "Summer Lightning", titre annonciateur de ce qui suivra avec Marina Records. Chouette pochette signée par Thomson, apparemment bien branché statues... Bien content de ce petit cadeau!

Au gré d'une insomnie, je me décide enfin à me pencher sur le nouveau PJ Harvey. Je m'attendais à me faire chier et j'avoue que cette première écoute (sur mon ordi, en sourdine) de "I Inside the Old Year Dying" me surprend agréablement... Ma toute première sensation a été de penser à Neil Young... Sobre, austère, hypnotique, grave, ça nous ramène, mais d'une façon très différente, à "White Chalk", album singulier de sa discographie. Je n'en dis pas plus car je le découvre, mais j'en reparlerai quand je le "possèderai" un peu mieux. Plutôt bon signe: je le trouve un peu court et ai envie de m'y replonger dans la foulée. J'aime bien la pochette aussi.

Allez, je vais remplir la théière, parce-que pour ce qui est de me rendormir, c'est mort...

Ce matin, en écoutant de nouveau "Summer Lightning" de The Bathers, très inférieur (même si sympa et agréable) à ce qui est proposé dans la trilogie, il m'est revenu que les critiques faisaient assez souvent référence à The Blue Nile pour les comparer. Du coup, ça m'a donné envie d'écouter "Hats":



Mais moi, je l'ai sous cette version promo:



Un album qui date donc de 1989 et pour lequel j'avais lu pléthore de critiques dithyrambiques et unanimes à l'époque, mais je n'avais jamais rien entendu jusqu'à ce que, bien plus tard, je trouve ce petit objet promo très rigolo pour 8 euros chez Parallèles. Je faisais d'une pierre deux coup car j'allais enfin connaître les raisons d'un tel engouement pour pas cher en acquérant un petit objet rare. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant un album tout à fait passable (sympa, certes, mais vraiment sans particularité et plutôt ennuyeux) et surtout hyper daté concernant la production hyper années 80 au niveau des sonorités et instruments employés (synthés moches et boîtes à rythmes très chiantes). Même à l'époque, ça devait déjà sonner démodé, mais les lois de la critique sont parfois bien mystérieuses et "Hats" avait bénéficié d'un emballement médiatique qui m'a vraiment complètement échappé!

En le réécoutant (ça n'était donc arrivé qu'une fois tellement cet album m'avait fait chier...   ), je n'ai pas davantage compris la référence concernant The Bathers car ça n'a absolument rien à voir: d'un côté un produit pop hyper synthétique, sans âme, avec une voix plaintive, morne, sans aucune modulation ni émotion particulière, de l'autre de vraies compos héritées à la fois du blues ou du jazz, du folk, et d'une tradition classique romantique avec une instrumentation (presque) exclusivement acoustique et d'excellents musiciens, le tout servi par une voix complètement bouleversante et modulée de mille façons, exprimant une mélancolie qui s'aventure parfois jusqu'au désespoir quand l'autre se limite à un vague spleen dénotant principalement de l'ennui...  On devrait parfois exiger des "rock critics" une véritable formation musicale avant de les laisser divaguer. The Blue Nile/ The Bathers, carrément incomparables!

C'est vrai que, de la première note à la dernière, cet album est passionnant et fascinant à tous égards, que ce soit musicalement, au niveau des textes, de la production, du son et vocalement. J'aurais tant aimé que Peter Gabriel se maintienne à ce niveau... Il y parviendra quelques petites années encore... Et puis, peu à peu, je crains qu'il ne se soit laissé déborder par quelques travers l'ayant sorti de son champs éthique d'origine... J'ai réalisé ça tout à l'heure en regardant ce docu avec une de ses citations.

"Passion" est très certainement le travail le plus remarquable et le plus impressionnant de toute la discographie de Peter Gabriel, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un album, mais de la BO d'un film tout aussi remarquable: "La dernière tentation du Christ" qui n'a jamais aussi bien rendu compte, avec "rencontres avec des hommes remarquables" de Peter Brook, la complexité du cheminement intérieur d'un maître spirituel, cette quête d'équilibre entre l'Humain et le Divin. Pas simple d'illustrer ça en musique, et pourtant, ce qu'a réalisé PG s'intègre parfaitement à ce qui se passe à l'écran. J'aime autant le film que sa BO, ce qui est assez rare en ce qui me concerne. Ca ne fait pas du tout BO car c'est tout à fait fidèle à la démarche habituelle de ce que PG réalisait déjà dans ses propres albums. La différence, c'est que ce ne sont pas des chansons, même si sa voix se fait entendre ça et là... Vraiment passionnant!
En plus l'édition vinyle remasterisée est absolument superbe!

Un disque d'une beauté absolue! Je le ressors régulièrement, et à chaque fois, ça me cueille. Cette fois au point de me donner envie de revoir ce film, pourtant le plus chiant (avec celui de BHL) qu'il m'ait été donné de subir... Du coup, cette fois je vais peut-être y trouver ce que je n'ai jamais su y voir malgré la présence de Delphine Seyrig (que j'adore, en particulier chez Truffaut et Demy)... Il faut dire que je n'ai jamais été très sensible à Duras. Et à chaque fois que je le dis, j'ai l'impression qu'on me prend pour un con... Désolé, mais moi, ce que j'ai lu de Duras, comme Sagan, ça m'emmerde prodigieusement, et en plus je n'aime pas du tout sa façon d'écrire. Et encore plus de filmer!

Reste cette BO superbe de Carlos D'Alessio, inattaquable!

Pierre a écrit:
Désolé, mais moi, ce que j'ai lu de Duras, comme Sagan, ça m'emmerde prodigieusement

Mais Pierre, tu sais ... Je crois qu'il y a les gens qui ont lu Duras et ceux qui on cru lire Duras. Voilà.





Trêve de plaisanterie, merci pour le rappel, j'avais oublié ce disque, que j'adore ! Je vais me le repasser.
Du reste j'aime tout le travail de Carlos D'Alessio ... tellement de bandes son formidables.

Alexis* a écrit:Mais Pierre, tu sais ... Je crois qu'il y a les gens qui ont lu Duras et ceux qui on cru lire Duras. Voilà.

Excellent!
Je veux bien plaider coupable, mais ne me sens pas comme tel. On va pas s'forcer quand-même...

Mais je me souviens en avoir parlé avec une amie qui vénérait Duras, et à travers l'émotion (non feinte, j'en suis certain!) qu'elle exprimait, j'ai compris que je passais sans doute à côté d'une émotion, qui m'échappe néanmoins complètement. T'inquiète, j'ai eu la même avec Colette avec pas mal de gens qui trouvent son écriture trop "tarabiscotée" ou "démodée" (concept qui m'échappe en ce qui concerne la littérature...)pour véhiculer une véritable émotion. Ca me troue le cul quand j'entends ça... Parce-que bien souvent, et à chaque fois, certaines lignes me font monter les larmes aux yeux.
Il en faut pour tout l'monde ma bonne dame...

Ben encore heureux qu'on est pas tous sensibles aux mêmes trucs ...

Je l'ai souvent ressenti avec Camus, que j'ai toujours trouvé d'une chiantise infinie ... Ces descriptions de paysages mornes par centaines de pages .... quel enfer absolu ! Alors que beaucoup de gens l'idolâtrent ...
D'ailleurs la citation déformée plus haut est une citation de Duras à propos de Camus ... "il y a des gens qui ont écrit et des gens qui ont cru écrire" elle disait après avoir évoqué Camus en tordant un peu le nez et en levant les yeux au ciel

Alexis* a écrit:D'ailleurs la citation déformée plus haut est une citation de Duras à propos de Camus ... "il y a des gens qui ont écrit et des gens qui ont cru écrire" elle disait après avoir évoqué Camus en tordant un peu le nez et en levant les yeux au ciel

Ca, pour le coup, c'est très drôle! Un véritable "trait d'esprit" pour en revenir à cet article de Mme Figaro que j'évoquais ailleurs...

Et Yann Moix dans tout ça? J'ai quand-même tenté le coup par curiosité. Quelle suffisance!

Même s'il n'est pas aussi impressionnant que les autres et que la production est plus banale, je commence sérieusement à m'attacher à cet album. Cette voix est si prenante! Mais même musicalement, bien que ce soit moins mon créneau, c'est tout de même super bien fichu!
Effectivement, cette fois, sur un titre, j'ai perçu un point de jonction possible avec The Blue Nile, mais c'est quand-même bien mieux!

Maintenant, j'attends ce "Siresnesque" avec une grande impatience. Je suis curieux de voir comment ça a évolué. Je suis confiant car je remarque qu'au niveau du jeu de piano, d'album en album, c'est de plus en plus chiadé et varié.

Il faut absolument que ce Chris Thomson finisse par accéder à une notoriété bien plus importante!

Ce matin, je me suis réveillé en ayant envie de me repencher sur ces deux albums de Ben Folds que j'avais beaucoup écoutés il y a un bail, puis plus rien... C'est intéressant de suspendre pendant un long moment l'écoute d'un(e) artiste puis d'y revenir bien plus tard car les perceptions changent. A l'origine, je préférais "Songs for Silverman" à "Way to normal", alors que là, c'est tout à fait l'inverse. Je trouve que le premier souffre d'un son un peu agaçant, et surtout de l'influence trop flagrante des Beatles/Mc Cartney (c'est parfois à la limite du plagiat), Elton John et XTC, ce qui est aussi le cas de l'autre, mais de façon plus diffuse (j'ai même pensé à Regina Spektor et peut-être Rufus Wainwright à un moment...).
C'est toujours très plaisant à écouter, son jeu de piano est impressionnant, sa voix me broute un peu plus qu'avant, mais c'est du très beau boulot, à défaut d'être vraiment personnel. "Way to normal" explore davantage de directions, du coup c'est plus intéressant. En gros, c'est un ricain qui a dû écouter beaucoup d'Anglais, mais il y a ce côté un peu "virtuose" et "busy" (donc vaguement frimeur) qu'on trouve parfois chez Tori Amos et qui, à la longue, fatigue un tantinet... Rien à voir avec mon retour à XTC récemment qui m'avait, au contraire, enchanté. Ben Folds, lui, m'a un peu saoulé...

Je suis toujours très sensible à sa voix!
Il y a quelques titres qui me plaisent

Un très bon album, que j'ai adoré également. Sa voix est effectivement magnifique.
Mon titre préféré est "There Wasn't Enough", mais j'aime aussi beaucoup "Silver of Ice".

L'été dernier, je suis tombé par hasard sur cette vidéo. Il eut d'abord cette voix très originale : si haute et étonnante, mais capable d'aller si bas, qu'on penserait entendre deux personnes distinctes. Et puis, il eut les instruments : des résonances tribales mêlées à des synthétiseurs aériens, pour un morceau planant et rêveur dont la magnificence m'a impressionné. Les paroles sont jolies et poétiques aussi, ça a participé à l'idée que je me faisais de cette chanson "When the rain came down, I was older than the Earth. I could die right now and plan another birth...".
Je suis tombé amoureux de ce titre, que j'ai écouté pendant des semaines, et cette étrange Happy Rhodes a suscité beaucoup de curiosité pour moi. Qui était-elle ??? D'où venait-elle ???   C'est donc en faisant deux/trois recherches que j'ai appris à connaître son parcours.
Elle est américaine et appartient aux milieux alternatifs des années 80. Totalement indépendante sur le plan de la composition et des instruments, Happy Rhodes coproduit ses albums depuis qu'elle a commencé à 19 ans, réalise elle-même ses pochettes à partir de ses dessins, est admirative de Kate Bush, de Peter Gabriel et de Wendy Carlos, et... N'a jamais bénéficié du moindre succès. Et quand on écoute ce qu'elle fait, cette dernière information a de quoi provoquer un pincement au cœur.

J'ai donc commencé par son troisième album, "Ecto", sorti en 1987, qui constitue un virage dans sa carrière. En effet, par le passé, Happy Rhodes ne réalisait ses albums qu'à partir d'une instrumentation quasi-exclusivement acoustique, là où sur ce disque, elle donne une plus grande place aux instruments électroniques.
Cet album est réellement fabuleux et mérite bien évidemment plus d'attention et d'écoutes. Les mélodies sont agréables et biens composées, parfois même très intenses, comme sur la chanson-titre "Ecto", que j'adore, ou bien sur le synthétique mais très beau "To be E. Mortal". La musique est vraiment minimaliste : une guitare et un clavier. Mais tant d'émotions et d'ambiances y sont exprimées... C'est sensible, doux et épris de vulnérabilité. Happy Rhodes fait beaucoup avec peu.  
Bien que l'album puisse d'après moi souffrir de quelques irrégularités en raison de titres parfois plus moyens, ou d'autres où la voix d'Happy Rhodes est mise exagérément en avant, je dois reconnaître que 80% des titres me perforent le cœur.... Sa voix est divine, elle vit la musique et attribue aux chansons une dimension très spirituelle et émouvante.
Alors certes, la production peut être jugée datée, mais moi je l'aime bien.   La filiation avec la grande Wendy Carlos est devinable sur cet album, même s'il me fait aussi penser à The Sensual World de Kate Bush, pour son approche minimaliste. De plus, Kate Bush et Happy Rhodes sont toutes les deux très précoces : les trois premiers albums d'Happy Rhodes, tous sortis en 1986 mais enregistrés sur plusieurs années, sont en fait constitués de tous les textes qu'elle avait composés jusque-là, donc pendant son adolescence.

Happy Rhodes n'est jamais parvenue à vivre de la musique qu'elle produisait, ce que je ne parviens vraiment pas à comprendre quand je vois son talent et ce qu'elle réalise.   Peut-être un manque de publicité... Dernièrement, elle a réalisé un concert pour une fan gravement malade, totalement gratuit et à ses frais. Il y avait pas mal de monde dans ce que j'ai vu, ce qui est une bonne chose. Je ne pense pas que le succès l'ait vraiment attiré à un moment. Elle produit de la musique pour la passion de faire de la musique, avec une démarche vraiment sincère et authentique. Mais cette absence de reconnaissance rend son travail encore plus attachant pour moi... Je bénis vraiment internet de pouvoir me mettre sur le chemin d'aussi belles choses, et de pouvoir donner un peu de visibilité à des artistes indépendants de ce type qui méritent que l'on se penche sur eux, et que l'on écoute leurs productions.

Quelques titres de cet album :









Une si belle reprise d'And Dream of Sheep...

Oui, Happy Rhodes... Voix assez extraordinaire, unique. Ce double registre est impressionnant! On aurait aimé qu'elle ait plus de chance et trouve un label à même de financer une production qui aurait mis son travail en valeur. Malheureusement, cette auto-production "avec les moyens du bords" (souvent très synthétique) m'a toujours empêché de réellement succomber à son talent. Du coup, je préfère quand elle s'accompagne seule à la guitare. J'ai un album d'elle, un peu mieux produit, "Many Worlds are born tonight", un peu plus engageant, mais l'aspect un peu "sci-fi" me gêne un peu...
Celle qui, de façon flagrante, évoque à s'y méprendre le chant de KB à ses débuts (c'en est même plagiaire) s'appelle "Don't want to hear it". J'adore les lignes de chants, mais cette prod est vraiment très moche (à part les parties de cordes):



Je me souviens aux tous débuts que je participais au premier forum de Swann, quand Olivier nous avait présenté "When the Rain Came Down" comme un éventuel duo KB/Annie Lennox pour nous demander si on validait cette rumeur... Le débat avait été lancé... Perso, après plusieurs écoutes, je n'y croyais pas (surtout la partie Annie Lennox d'ailleurs), mais c'était tout de même troublant... Renaud doit s'en souvenir... Je regrette beaucoup l'absence d'Olivier, très investi dans un militantisme tout à fait respectable. Dommage qu'il ait cessé de venir sur le forum, il était tellement drôle et possédait une personnalité vraiment attachante, une véritable générosité...

Là, j'écoute un vinyle que j'ai ressorti des archives et que je n'avais pas écouté depuis mon adolescence je crois:



C'est grâce à KB que j'avais décidé de me pencher sur le chant des baleines et j'avais trouvé ce vinyle sans savoir que c'était précisément l'enregistrement qu'elle avait utilisé pour "Moving" et l'intro de son "Tour of Life". Ce qui est drôle, c'est que l'intro du spectacle s'arrête au moment exact de l'entrée dans "TKI" (à 9'27"):



Cet enregistrement est fascinant et nous met dans un état assez étrange, irréel. Ce qui est aussi amusant, c'est ce double registre: un très aérien, éthéré, surnaturel (on a du mal à imaginer comment un être si imposant peut produire de tels sons... ), et l'autre, plus prosaïque, parfois inquiétant qui évoque davantage des bruits de pets ou de moteur...
Evidemment, on n'écoute pas ça tous les jours, mais l'expérience s'avère vraiment surprenante et bizarrement apaisante...

En écoutant cet enregistrement, on se dit que Liz Fraser a dû être une baleine dans une vie antérieure...