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Le Monde secret de Kate Bush :: Forum :: Autour de Kate Bush :: "This Woman's Work" actualités, oeuvre...
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Influences
Pierre Mar 31 Mar - 7:35
Le travail de KB nous paraît toujours assez unique, complètement original (tout particulièrement à ses débuts...), mais ses sources d'influences ont toujours été revendiquées, en particulier dans cette émission de la BBC de 2X une heure, très surprenante et passionnante, dans laquelle elle livrait quelques secrets qui ont servi de "clefs" pour la suite de sa carrière (il faut absolument que je me débrouille pour retrouver ça quelque-part). Mais dans cette émission, elle se gardait bien de proposer des musiques de personnes très connues, les pop ou rock stars qu'elle revendiquait écouter pendant son adolescence. Et pourtant... En cherchant bien, on les trouve ces influences...
Ce sujet pour répertorier les influences (voire les emprunts) plus ou moins évidentes qui émaillent le parcours de la Dame. Ne vous privez pas!
Que ce soit sur sa musique ou pour les textes, on sait que Madâââââme est une grande recycleuse de références.Kate Bush influencée par Elton John? 
... Quelle drôle d'idée!
C'est assez flagrant, non? L'intro au piano, c'est carrément un copier-coller, et les arrangements country y sont aussi...
Je n'ai jamais été trop attiré par Elton John, mais il y a quelque-chose de très émouvant dans "Tiny Dancer"...
Et puisqu'on est dans les influences revendiquées:
"The Jean Genie", elle-même inspirée par... Jacques Dutronc : Qui l'eût cru?
Ce sujet pour répertorier les influences (voire les emprunts) plus ou moins évidentes qui émaillent le parcours de la Dame. Ne vous privez pas!
Que ce soit sur sa musique ou pour les textes, on sait que Madâââââme est une grande recycleuse de références.Kate Bush influencée par Elton John? ... Quelle drôle d'idée!C'est assez flagrant, non? L'intro au piano, c'est carrément un copier-coller, et les arrangements country y sont aussi...
Je n'ai jamais été trop attiré par Elton John, mais il y a quelque-chose de très émouvant dans "Tiny Dancer"...
Et puisqu'on est dans les influences revendiquées:
"The Jean Genie", elle-même inspirée par... Jacques Dutronc
: Qui l'eût cru?_________________
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Pierre- Admin
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Re: Influences
Pierre Mer 8 Juin - 10:04
hiram33 a écrit:En Grande-Bretagne, dans la seconde moitié du XIXè siècle, Un petit nombre d’artistes se plaçaient délibérément à contre-courant du conformisme ambiant. Telle fut la raison d’être originelle de la Confrérie préraphaélite (Pre-Raphaelite Brotherhood), fondée en 1848, autour de John Millais, Dante Gabriel Rossetti et William Hunt, par des peintres opposant au classicisme de la Royal Academy l’exaltation de la beauté des êtres, le retour à un art simple et pur, scrupuleusement fidèle à la nature, tel que le pratiquaient les Primitifs italiens de l’époque « préraphaélienne » – d’où l’inspiration religieuse et médiévale de la grande majorité des artistes se réclamant de ce mouvement.
. Violemment critiqué par les tenants de l’académisme, le préraphaélisme séduisit en revanche tous ceux que révoltait la laideur de la société industrielle, à commencer par l’historien d’art John Ruskin, que sa passion pour le gothique et l’art italien amena à devenir naturellement leur héraut. Si certains membres du mouvement ne demeurèrent pas fidèles à leur engagement initial – Millais devint en 1896 président de la Royal Academy –, beaucoup entretinrent la réputation sulfureuse qui servait de carte de visite au mouvement : les poèmes de Rossetti lui valurent des accusations d’obscénité (1871), Swinburne, poète lui aussi, menait une vie de débauche et faisait profession d’athéisme, tandis que, dans un registre différent, William Morris participait à la fondation en 1884 de la Ligue socialiste, anarchisante.
Le préraphaélisme inspira les tenants du courant Esthétique, qui s’épanouit dans les années 1880-1890, et dont Oscar Wilde est aujourd’hui le représentant le plus connu.
. Reprenant à leur compte la théorie française de l’art pour l’art, ils préconisaient le détachement total de l’artiste du monde extérieur et la recherche perpétuelle de la beauté. Ils cultivaient en outre des manières d’un raffinement excessif, qui leur valurent à l’occasion des démêlés avec les tenants de la morale bourgeoise.
Kate Bush a été initiée au préraphaélisme par son frère Paddy qui s'inspira de ce mouvement pour les photos qu'il prit de sa soeur quand elle était enfant.Elle a été marquée notamment par l'oeuvre de John Millais.
Quand elle enregistra la reprise de Donovan "Lord of the Reedy river", Kate voulut donner l'impression qu'elle flottait sur une rivière tout en chantant, comme une héroïne piégée dans une peinture préraphaélite, alors elle descendit dans la piscine désaffectée au sous-sol de la maison qui se trouvait près du studio afin de donner l'impression que sa voix provenait d'une crique.
Pierre a écrit:hiram33 a écrit:Kate Bush a été initiée au préraphaélisme par son frère Paddy qui s'inspira de ce mouvement pour les photos qu'il prit de sa soeur quand elle était enfant.Elle a été marquée notamment par l'oeuvre de John Millais.
Tu fais une petite confusion: ce n'est pas Paddy mais John Carder, pour le coup c'est bien lui qui a pris les photos de "Cathy" puis beaucoup de photos de pochettes (les rectos de "Hounds of Love", "The Sensual World", "The Red Shoes" et les versos de "The Kick Inside" et "Never for Ever", sansoublier la plupart de celles qui illustraient les singles) et les photos promotionnelles. John Carder a eu une influence énorme sur les sujets qu'elle a abordés dans ses textes alors que Paddy a davantage participé à ses influences musicales, tout particulièrement l'instrumentation.hiram33 a écrit:Quand elle enregistra la reprise de Donovan "Lord of the Reedy river", Kate voulut donner l'impression qu'elle flottait sur une rivière tout en chantant, comme une héroïne piégée dans une peinture préraphaélite, alors elle descendit dans la piscine désaffectée au sous-sol de la maison qui se trouvait près du studio afin de donner l'impression que sa voix provenait d'une crique.
Je ne me souvenais pas de cette anecdote, merci de nous en informer.
Pourtant, ce n'est pas la référence directement revendiquée par Kate Bush puisqu'elle a invoqué une autre représentation d'Ophélie par un peintre contemporain, Derek Riggs (lui-même inspiré par celle de Millais), ou plutôt un détournement puisqu'il la mettait en scène dans des égouts (beurk), toile qu'elle a achetée. Une représentation beaucoup moins réussie techniquement, c'est assez gerbant... Malheureusement, je n'ai trouvé que cette reproduction très petite:
Pour compléter ton post: Ophélie est un thème récurent chez les Pré-Raphaélites, dont tu ne nommes que ceux de la 1ère génération. Une tentative de refondation de la confrérie a été effectuée notamment avec Edward Burne-Jones (mon préféré) davantage inspiré par Botticelli et William Morris qui se sont éloignés des préceptes originels. Puis ont suivi tout un tas d'artistes (anglais et américains) qui n'ont conservé que les idées stylistiques et les thèmes récurents, tout particulièrement la représentation féminine idéalisée ou mythique. C'est moins intéressant, mais John William Waterhouse est assez notable.
Il existe un roman (dont j'ai oublié le titre, je rechercherai...) qui traite du mouvement Pré-Raphaélite d'une façon intéressante. Il faudra que je retrouve ce bouquin...
Merci pour ta contribution Thierry, c'est une influence effectivement importante dans la formation intellectuelle et artistique familiale de Madââââme. Je ne me souviens pas si on en déjà parlé (peut-être avec Lulu sur son forum ou celui de Swann). Mais ça fait tout écho à des conversations que nous avons eues je crois. En tout cas, ça ne fait pas de mal une petite piqûre de rappel.
Sinon, pour extrapoler sur l'Ophélie de Millais, elle est l'inspiration principale du clip de Shelleyan Orphan pour "Shatter". Je te conseille de te rendre sur le sujet leur étant consacré, su tu t"intéresses aux Pré-Raphaélites et au symbolisme en général, ça pourrait te plaire musicalement. Caroline Crawley (voix ravissante hélas défunte) étant physiquement l'incarnation de l'Ophélie de Millais et l'esprit qui gouverne l'"oeuvre" (hélas trop courte) très proche de ce mouvement ou de Kate Bush et The Divine Comedy sur pas mal d'aspects. "Helleborine", leur 1er album fait justement contribuer plusieurs musiciens ayant participé à "The Kick Inside" (dont Paddy Bush).
Par ailleurs, si tu ne connais déjà, je t'engage à te rendre sur le ujet consacré à This Mortal Coil dont l'esprit repose sur pas mal d'aspects présents dans les représentations des Pré-Raphaélites, ça devrait te plaire: atmosphère romantico-gothique, prédominance de voix féminines éthérées et souvent dramatiques, ambiances spectrales, représentation strictement féminine et symboliste sur les pochettes. Perso, je trouve ça superbe et passionnant!
hiram33 a écrit:Merci Pierre pour ton apport.
Je réservais l'évocation de la suite du mouvement préraphaélite pour mes contributions futures... (Hunt et Edward Burne-Jones qui est mon favori).
J'ai une fâcheuse tendance à confondre Paddy et John Carder Bush, ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas et ça arrivera probablement dans mes futurs apports donc mea culpa.
Le roman sur les préraphaélites est
https://www.babelio.com/livres/Delerm-Autumn/29296
mais il y en a d'autres, pour les anglophones
Je suis en effet très intéressé par le symbolisme dans la peinture et la littérature mais aussi dans l'histoire des idées et des sociologies (ce qui est une clef de mon pseudo)...
Pierre a écrit:hiram33 a écrit:Le roman sur les préraphaélites est
https://www.babelio.com/livres/Delerm-Autumn/29296C'est ça! Bravo, ça m'évitera de chercher. Je vois que j'ai à faire à un spécialiste! Chouette!
Du coup, j'ai "enrichi" mon post précédent avec un autre conseil concernant This Mortal Coil (en fin de post), je crois vraiment que ça devrait te plaire si tu ne connais pas déjà... De même pour Shelleyan Orphan. Tente une écoute de "It'll end in Tears" de TMC au moins, je serais prêt à parier que tu t'y retrouveras si, comme moi, tu apprécies le Romantisme victorien et le gothique (dans le sens littéraire du terme).
hiram33 a écrit:Merci Pierre. Les grands esprits se rencontrent ;-)
Je crois qu'on peut rapprocher la seconde époque préraphaélite de l'Art Nouveau et ce serait intéressant d'évoquer Mucha. Un lien évident entre les deux mouvements tient aux figures symboliques de la femme et de la nature, symboliques qui ont été brisées par l'avènement de l'Art déco, beaucoup plus masculin et plus dans le retour à l'ordre phallocrate (à mon humble avis). Il y a une explication historique. En 1914-1918, es femmes occupaient la place des hommes dans les usines tandis que les hommes étaient au front. L'Art déco est né après la Première guerre mondiale et a accompagné le retour des hommes dans leurs occupations de la vie civile. Le symbole phallique ultime de l'Art déco le plus visible est l'Empire State Building
https://www.laculturegenerale.com/difference-art-deco-art-nouveau/
Sur Kate et l'Art Nouveau
l
https://www.etsy.com/fr/listing/832017793/kate-bush-poster-art-print-art-deco
Pierre a écrit:Je suis tout à fait d'accord (même si la période Art Déco me plaît aussi beaucoup).
En revanche, je crains qu'on ne s'égare un peu dans des digressions (même si perso, je trouve ça passionnant!
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Pierre- Admin
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Waking the witch
hiram33 Sam 11 Juin - 2:26
Saluton kamaradoj,
Je vous propose d’analyser une de mes chansons préférées de Kate Bush.
Mais pour commencer, je vous offre quelques documents pour étayer ce que j’écrirai
Waking The Witch
Traduction en Français
Waking The Witch
"Débout."
"Bon matin, madame. Votre réveil matinal."
"Tu dois te lever."
"Débout."
"Débout, là dedans!"
"Débout, mon enfant! Sois alerte! »
"Allez, debout!"
"Débout, mon amour!"
"Nous devrions passer la nuit ensemble, mais vois si ta petite lueur est toujours vivante."
"Arrête de rester allongée et dormir dans ton lit; lève-toi!" ("T'as bien besoin d'une douche, sors du lit!")
"Petite lueur…"
"Ne vois-tu donc pas cette petite lueur là-haut?"
"Où?"
"Là-bas!"
"Où?"
"Par ici…"
"T’es encore au lit?!"
"Débout, marmotte!"
"Nous sommes venus de l’eau avec ceux qui sont partis
Nous sommes d'eau en Terre Sainte de l’eau."
"Ne vois-tu donc pas que tu l’as fait attendre?!"
"Regarde qui est venu pour te voir!"
Écoute-moi, écoute-moi, bébé!
Écoute, bébé, aide-moi!
Bébé, aide-moi, aide-moi!
Écoute-moi, parle-moi!
Tu ne brûleras pas! (Roses rouges, rouges.)
Spiritus sanctus in nomine...
Tu ne saigneras pas! (Teintes de rose et fleurs.)
Confesse-toi à moi, fillette! (Roses rouges, rouges… Descends!)
Au nom du saint esprit…
Au nom du saint esprit…
Au nom du saint esprit…
Au nom du saint esprit…
Pauvre petit chose, (Roses rouges, rouges…)
L’oiseau noir, (Teintes de rose et fleurs.)
Les ailes dans l’eau (Roses rouges, rouges…)
Descends! (Descends!)
(Teintes de rose et fleurs.)
Dieu et seigneur des enfers.
Dieu et seigneur des enfers.
Dieu et seigneur des enfers.
Dieu et seigneur des enfers.
"Qu’est-ce donc cela, mon enfant?"
Pardonnez-moi, père, pardonnez-moi mon père, parce que j’ai péché.
Aide-moi, écoute-moi, écoute-moi, dis-moi! (Roses rouges, rouges…)
Aide-moi, bébé! Ne pars pas! (Roses rouge, rou— …)
Je m’interroge sur… ton innocence!
C’est une sorcière! (Aide cet oiseau noir! Il y a une pierre autour de ma jambe.)
Ah, maudite, femme! (Aide cet oiseau noir! Il y a une pierre autour de ma jambe.)
Qu’en dites-vous, braves gens?! ("Coupable! Coupable! Coupable!")
Alors, es-tu responsable de tes actions? (Cet oiseau noir!)
*Rire* "Non coupable!" (Aide cet oiseau noir!)
Debout la sorcière…
"Sortez des vagues!"
"Sortez de l’eau!"
Wake Up
A good morning ma'am, your early morning call
You must wake up
Wake up
Wake up, man
Wake up child, pay attention
C'mon, wake up
Wake up, love
You shouldn't make the night, but see your little lights alive
Stop your lying and sleeping in bed! Get up!
(C'mon! Your ma needs a shower)
little light
Can you not see that little light up there?
Where?
There?
Where?
Over here...
You still in bed?
Wake up you sleepy head
We are of the going water and gone, we are of the water, and the holy land of water...
Don't you know you've got to wake up?
Look whose hear to see you...
...listen to me... help me baby... talk to me, baby... tell them... listen to me...
help me
You won't burn
Red red roses
You won't bleed
Pinks and posies
Confess to me girl
Red red roses
Go down
Spiritus sanctus in nomine...
Spiritus sanctus in nomine...
Spiritus sanctus in nomine...
Spiritus sanctus in nomine...
Poor little thing
Red red roses
The blackbird
Pinks and posies
Wings in the water
Red red roses
Go down
Pinks and posies
Deus et dei domino...
Deus et dei domino...
Deus et dei domino...
Deus et dei domino...
What is it child?
Bless me father, bless me father, for I have sinned... ugh
red red roses
Help me baby, listen to me, listen to me, tell them baby
red whole rose
Help me baby
Don't you know?
I question your innocence
This black bird...
...is a stone around my neck
HA! Damn you woman.AH! Ugh!
This black bird...
...is a stone around my neck
What say you good people?
Guilty! Guilty! Guilty!
This black bird...
I am responsible for your actions!
Whoa...
Not guilty!
...help this black bird.
On a prêté aux sorcières des intentions démoniaques et une relation privilégiée avec le diable, qui leur donnait soi-disant leur(s) pouvoir(s) et qu’elles côtoyaient supposément à l’occasion de messes noires (le fameux « sabbat ») pour s’adonner à des orgies sexuelles et sacrifier des innocents. La volonté de nuire à ces prétendues sorcières a été si loin que de véritables manuels – dont le célèbre Le Marteau des sorcières : Malleus Maleficarum – ont vu le jour pour apprendre à les débusquer. Recherche de la marque du diable sur leur corps, torture (on piquait le corps pour voir si des parties du corps étaient insensibles), invention de tests à la logique discutable (les personnes soupçonnées d’être sorcières est mises à l’eau. Si elles flottaient, et donc savait nager, elles étaient sorcières, – si elles coulaient, elles étaient humaines… mais mourraient tout de même)… Des trésors d’imaginations ont été déployés pour tenter de les identifier puis de les neutraliser. En bonus ? Les personnes à l’étude (pour ne pas dire torturées) étaient « gentiment » invitées à dénoncer d’autres sorcières. Cette délation était bien entendu facilitée par les mauvais traitements infligés et la peur, compréhensible, de mourir brûlée ou pendue.
Voir à ce propos l’épisode de Doctor Who Les Chasseurs de sorcières
https://doctorwho.fandom.com/fr/wiki/The_Witchfinders_(TV)
et l’incontournable livre de Mona Chollet
"Sorcières" de Mona Chollet : la potion post-César qui redonne le sourire
(Télérama Marine Landrot )
Quel est le secret du sourire qu'affiche cette fille du métro ? Elle a trouvé un remède pour affronter ce climat de violences généralisées : lire "Sorcières", best-seller aussi salutaire qu'inattendu, qui rend aux femmes un pouvoir qu'elles n'avaient en fait jamais perdu.
Elle lit Sorcières, et elle sourit. Pas le petit sourire de politesse, pas le petit sourire de fleur qui ne fait pas vague dans l'eau du vase, pas le petit sourire de révérence qu'on apprend aux filles soumises. Non, elle sourit d'un sourire qui vient de loin, un sourire de certitude et de soulagement, un sourire de confiance et de joie, devant le changement qui s'annonce. Parce qu'elle a l'impression d'avoir passé le week-end dans un chaudron, et que ça fait du bien de trouver du réconfort. Parce qu'elle sait maintenant que le 29 février peut-être pire qu'un vendredi 13, mais qu'ensuite vient le printemps. La prochaine fois qu'elle jouera au loto, elle évitera ces numéros là, tout comme le 49 et le 3.
« César, ceux qui vont renaître te saluent », a-t-elle pensé devant la sortie altière d'Adèle Haenel, les doigts dessinant un zéro, les talons dessinant « let's go », à la toute fin de la cérémonie qui couronna un ogre. La lectrice du métro n'a pas eu besoin de se repasser cent fois la séquence, l'image était gravée à jamais, archivée dans son disque dur personnel pour l'éternité. Des signes avant-coureurs lui avaient mis du baume au coeur, pendant cette incroyable fiesta du cinéma. Aïssa Maïga dans sa robe fluo interstellaire, qui conjura qu'on regarde le soleil en face et que les dominés sortent de l'ombre. Yolande Zauberman en cuissardes et cheveux de feu, célébrée pour son documentaire M sur la résilience, où elle rappelle que « les enfants blessés apparaissent comme par magie et nous suivent ». Et dehors, la clameur des féministes, dans les fumigènes rougeoyants, rappelant l'essentiel : le viol est une arme de guerre. Aujourd'hui, c'est donc la hâche de guerre qu'il faut enterrer, pas les victimes.
Vieux vampires assoiffés de jeunesse
Depuis, la jeune fille du métro se sent sorcière et fière de l'être. Ce matin-là, pour entretenir la flamme, Sorcière Sourire ramasse du petit bois dans le livre de Mona Chollet. Le sous-titre à lui seul est une bûche qui promet une longue flambée : « La puissance invaincue des femmes », dopant programme.
À la lecture de ce livre, Sorcière Sourire se dit qu'elle a de la chance d'avoir son âge. Parce qu'elle pourra laisser ses cheveux blancs prendre la lumière du jour, et en attendant, se méfier des vieux vampires assoiffés de jeunesse, forte de cet éclairage pertinent de Mona Chollet : « la différence d'âge augmente la probabilité que l'homme ait l'avantage sur au moins un de ces plans : social, professionnel, financier, intellectuel. Dès lors, ce que recherchent certains hommes, ce n'est pas tant un corps féminin jeune que ce qu'il dénote : un statut inférieur, une expérience moindre. La focalisation érotique exclusive sur des corps jeunes repose sur une fausse évidence, puisqu'il est admis que des corps masculins de plus de quarante-cinq ans soient jugés désirables. »
À ces mots, la lectrice du métro repense aux piques bien trouvées de Florence Foresti, à l'adresse des prédateurs d'âge mûr, pendant la cérémonie des Césars : « Si vous vous mettez nu dans l'espoir de nous exciter, comment dire ? Les gars, vous aurez plus de chance de nous choper avec un bout de pain. La nudité ne va pas à tout le monde. Ça s'essaie en cabine avant. »
Tic-tac de l'horloge biologique
Sorcière Sourire affiche une mine réjouie à l'idée de la liberté qui l'attend. Elle est plongée dans le chapitre intitulé Le désir de stérilité, qui lui offre un grand motif de satisfaction, tant la maternité ne lui semble pas d'actualité. Telle une grande soeur expérimentée, Mona Chollet expose en des termes très convaincants pourquoi elle-même a décidé de ne jamais écouter le tic-tac de l'horloge biologique : « La réticence à faire des enfants peut être une manière de tenir la société responsable de ses manquements et de ses échecs, de refuser de passer l'éponge, de décréter qu'il n'y aura pas d'arrangement, ce qui explique sans doute le malaise suscité chez les autres. Mais ce "non" est l'envers d'un "oui" : il découle de l'idée que l'aventure humaine aurait pu tellement mieux tourner, d'une révolte contre ce que nous faisons de la vie et du monde. »
C'est précisément cette dernière phrase qui a relevé les coins de bouche de Sorcière Sourire. Elle a la conviction absolue que l'aventure humaine va mieux tourner, et que la révolte contre ce que nous faisons de la vie et du monde portera bientôt ses fruits.
Et sur France Culture la formidable émission de Jean-Noël Jeanneney
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/concordance-des-temps/les-sorcieres-haies-fascinantes-2118037
Je vous propose d’analyser une de mes chansons préférées de Kate Bush.
Mais pour commencer, je vous offre quelques documents pour étayer ce que j’écrirai
Waking The Witch
Traduction en Français
Waking The Witch
"Débout."
"Bon matin, madame. Votre réveil matinal."
"Tu dois te lever."
"Débout."
"Débout, là dedans!"
"Débout, mon enfant! Sois alerte! »
"Allez, debout!"
"Débout, mon amour!"
"Nous devrions passer la nuit ensemble, mais vois si ta petite lueur est toujours vivante."
"Arrête de rester allongée et dormir dans ton lit; lève-toi!" ("T'as bien besoin d'une douche, sors du lit!")
"Petite lueur…"
"Ne vois-tu donc pas cette petite lueur là-haut?"
"Où?"
"Là-bas!"
"Où?"
"Par ici…"
"T’es encore au lit?!"
"Débout, marmotte!"
"Nous sommes venus de l’eau avec ceux qui sont partis
Nous sommes d'eau en Terre Sainte de l’eau."
"Ne vois-tu donc pas que tu l’as fait attendre?!"
"Regarde qui est venu pour te voir!"
Écoute-moi, écoute-moi, bébé!
Écoute, bébé, aide-moi!
Bébé, aide-moi, aide-moi!
Écoute-moi, parle-moi!
Tu ne brûleras pas! (Roses rouges, rouges.)
Spiritus sanctus in nomine...
Tu ne saigneras pas! (Teintes de rose et fleurs.)
Confesse-toi à moi, fillette! (Roses rouges, rouges… Descends!)
Au nom du saint esprit…
Au nom du saint esprit…
Au nom du saint esprit…
Au nom du saint esprit…
Pauvre petit chose, (Roses rouges, rouges…)
L’oiseau noir, (Teintes de rose et fleurs.)
Les ailes dans l’eau (Roses rouges, rouges…)
Descends! (Descends!)
(Teintes de rose et fleurs.)
Dieu et seigneur des enfers.
Dieu et seigneur des enfers.
Dieu et seigneur des enfers.
Dieu et seigneur des enfers.
"Qu’est-ce donc cela, mon enfant?"
Pardonnez-moi, père, pardonnez-moi mon père, parce que j’ai péché.
Aide-moi, écoute-moi, écoute-moi, dis-moi! (Roses rouges, rouges…)
Aide-moi, bébé! Ne pars pas! (Roses rouge, rou— …)
Je m’interroge sur… ton innocence!
C’est une sorcière! (Aide cet oiseau noir! Il y a une pierre autour de ma jambe.)
Ah, maudite, femme! (Aide cet oiseau noir! Il y a une pierre autour de ma jambe.)
Qu’en dites-vous, braves gens?! ("Coupable! Coupable! Coupable!")
Alors, es-tu responsable de tes actions? (Cet oiseau noir!)
*Rire* "Non coupable!" (Aide cet oiseau noir!)
Debout la sorcière…
"Sortez des vagues!"
"Sortez de l’eau!"
Wake Up
A good morning ma'am, your early morning call
You must wake up
Wake up
Wake up, man
Wake up child, pay attention
C'mon, wake up
Wake up, love
You shouldn't make the night, but see your little lights alive
Stop your lying and sleeping in bed! Get up!
(C'mon! Your ma needs a shower)
little light
Can you not see that little light up there?
Where?
There?
Where?
Over here...
You still in bed?
Wake up you sleepy head
We are of the going water and gone, we are of the water, and the holy land of water...
Don't you know you've got to wake up?
Look whose hear to see you...
...listen to me... help me baby... talk to me, baby... tell them... listen to me...
help me
You won't burn
Red red roses
You won't bleed
Pinks and posies
Confess to me girl
Red red roses
Go down
Spiritus sanctus in nomine...
Spiritus sanctus in nomine...
Spiritus sanctus in nomine...
Spiritus sanctus in nomine...
Poor little thing
Red red roses
The blackbird
Pinks and posies
Wings in the water
Red red roses
Go down
Pinks and posies
Deus et dei domino...
Deus et dei domino...
Deus et dei domino...
Deus et dei domino...
What is it child?
Bless me father, bless me father, for I have sinned... ugh
red red roses
Help me baby, listen to me, listen to me, tell them baby
red whole rose
Help me baby
Don't you know?
I question your innocence
This black bird...
...is a stone around my neck
HA! Damn you woman.AH! Ugh!
This black bird...
...is a stone around my neck
What say you good people?
Guilty! Guilty! Guilty!
This black bird...
I am responsible for your actions!
Whoa...
Not guilty!
...help this black bird.
On a prêté aux sorcières des intentions démoniaques et une relation privilégiée avec le diable, qui leur donnait soi-disant leur(s) pouvoir(s) et qu’elles côtoyaient supposément à l’occasion de messes noires (le fameux « sabbat ») pour s’adonner à des orgies sexuelles et sacrifier des innocents. La volonté de nuire à ces prétendues sorcières a été si loin que de véritables manuels – dont le célèbre Le Marteau des sorcières : Malleus Maleficarum – ont vu le jour pour apprendre à les débusquer. Recherche de la marque du diable sur leur corps, torture (on piquait le corps pour voir si des parties du corps étaient insensibles), invention de tests à la logique discutable (les personnes soupçonnées d’être sorcières est mises à l’eau. Si elles flottaient, et donc savait nager, elles étaient sorcières, – si elles coulaient, elles étaient humaines… mais mourraient tout de même)… Des trésors d’imaginations ont été déployés pour tenter de les identifier puis de les neutraliser. En bonus ? Les personnes à l’étude (pour ne pas dire torturées) étaient « gentiment » invitées à dénoncer d’autres sorcières. Cette délation était bien entendu facilitée par les mauvais traitements infligés et la peur, compréhensible, de mourir brûlée ou pendue.
Voir à ce propos l’épisode de Doctor Who Les Chasseurs de sorcières
https://doctorwho.fandom.com/fr/wiki/The_Witchfinders_(TV)
et l’incontournable livre de Mona Chollet
"Sorcières" de Mona Chollet : la potion post-César qui redonne le sourire
(Télérama Marine Landrot )
Quel est le secret du sourire qu'affiche cette fille du métro ? Elle a trouvé un remède pour affronter ce climat de violences généralisées : lire "Sorcières", best-seller aussi salutaire qu'inattendu, qui rend aux femmes un pouvoir qu'elles n'avaient en fait jamais perdu.
Elle lit Sorcières, et elle sourit. Pas le petit sourire de politesse, pas le petit sourire de fleur qui ne fait pas vague dans l'eau du vase, pas le petit sourire de révérence qu'on apprend aux filles soumises. Non, elle sourit d'un sourire qui vient de loin, un sourire de certitude et de soulagement, un sourire de confiance et de joie, devant le changement qui s'annonce. Parce qu'elle a l'impression d'avoir passé le week-end dans un chaudron, et que ça fait du bien de trouver du réconfort. Parce qu'elle sait maintenant que le 29 février peut-être pire qu'un vendredi 13, mais qu'ensuite vient le printemps. La prochaine fois qu'elle jouera au loto, elle évitera ces numéros là, tout comme le 49 et le 3.
« César, ceux qui vont renaître te saluent », a-t-elle pensé devant la sortie altière d'Adèle Haenel, les doigts dessinant un zéro, les talons dessinant « let's go », à la toute fin de la cérémonie qui couronna un ogre. La lectrice du métro n'a pas eu besoin de se repasser cent fois la séquence, l'image était gravée à jamais, archivée dans son disque dur personnel pour l'éternité. Des signes avant-coureurs lui avaient mis du baume au coeur, pendant cette incroyable fiesta du cinéma. Aïssa Maïga dans sa robe fluo interstellaire, qui conjura qu'on regarde le soleil en face et que les dominés sortent de l'ombre. Yolande Zauberman en cuissardes et cheveux de feu, célébrée pour son documentaire M sur la résilience, où elle rappelle que « les enfants blessés apparaissent comme par magie et nous suivent ». Et dehors, la clameur des féministes, dans les fumigènes rougeoyants, rappelant l'essentiel : le viol est une arme de guerre. Aujourd'hui, c'est donc la hâche de guerre qu'il faut enterrer, pas les victimes.
Vieux vampires assoiffés de jeunesse
Depuis, la jeune fille du métro se sent sorcière et fière de l'être. Ce matin-là, pour entretenir la flamme, Sorcière Sourire ramasse du petit bois dans le livre de Mona Chollet. Le sous-titre à lui seul est une bûche qui promet une longue flambée : « La puissance invaincue des femmes », dopant programme.
À la lecture de ce livre, Sorcière Sourire se dit qu'elle a de la chance d'avoir son âge. Parce qu'elle pourra laisser ses cheveux blancs prendre la lumière du jour, et en attendant, se méfier des vieux vampires assoiffés de jeunesse, forte de cet éclairage pertinent de Mona Chollet : « la différence d'âge augmente la probabilité que l'homme ait l'avantage sur au moins un de ces plans : social, professionnel, financier, intellectuel. Dès lors, ce que recherchent certains hommes, ce n'est pas tant un corps féminin jeune que ce qu'il dénote : un statut inférieur, une expérience moindre. La focalisation érotique exclusive sur des corps jeunes repose sur une fausse évidence, puisqu'il est admis que des corps masculins de plus de quarante-cinq ans soient jugés désirables. »
À ces mots, la lectrice du métro repense aux piques bien trouvées de Florence Foresti, à l'adresse des prédateurs d'âge mûr, pendant la cérémonie des Césars : « Si vous vous mettez nu dans l'espoir de nous exciter, comment dire ? Les gars, vous aurez plus de chance de nous choper avec un bout de pain. La nudité ne va pas à tout le monde. Ça s'essaie en cabine avant. »
Tic-tac de l'horloge biologique
Sorcière Sourire affiche une mine réjouie à l'idée de la liberté qui l'attend. Elle est plongée dans le chapitre intitulé Le désir de stérilité, qui lui offre un grand motif de satisfaction, tant la maternité ne lui semble pas d'actualité. Telle une grande soeur expérimentée, Mona Chollet expose en des termes très convaincants pourquoi elle-même a décidé de ne jamais écouter le tic-tac de l'horloge biologique : « La réticence à faire des enfants peut être une manière de tenir la société responsable de ses manquements et de ses échecs, de refuser de passer l'éponge, de décréter qu'il n'y aura pas d'arrangement, ce qui explique sans doute le malaise suscité chez les autres. Mais ce "non" est l'envers d'un "oui" : il découle de l'idée que l'aventure humaine aurait pu tellement mieux tourner, d'une révolte contre ce que nous faisons de la vie et du monde. »
C'est précisément cette dernière phrase qui a relevé les coins de bouche de Sorcière Sourire. Elle a la conviction absolue que l'aventure humaine va mieux tourner, et que la révolte contre ce que nous faisons de la vie et du monde portera bientôt ses fruits.
Et sur France Culture la formidable émission de Jean-Noël Jeanneney
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/concordance-des-temps/les-sorcieres-haies-fascinantes-2118037
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Re: Influences
Pierre Sam 11 Juin - 11:31
Merci pour ta contribution éclairée Thierry. Je connais mal le travail de Mona Chollet, n'étant pas très attiré par ce type de féminisme portant aux nues une Adèle Haenel pour laquelle je me sens TRES nuancé, ainsi que cette vague MeToo dont je partage le combat, tout en doutant des moyens mis en oeuvre. J'écouterai l'émission sur France-Cul qui fait apparemment référence à l'ouvrage de Michelet "La Sorcière", essai que j'avais trouvé assez passionnant il y a TREEEEEEEEEES longtemps. En effet, depuis l'enfance, j'ai toujours été fasciné par le personnage de la sorcière et jeune adulte, je me suis intéressé d'assez près à la question jusqu'à rédiger une sorte de mémoire dans le cadre de ma formation. Le bouquin de Michelet avait d'ailleurs été une des références utilisées à cet effet. Je m'étais aussi procuré un très bel ouvrage d'Erica Jong (poétesse féministe américaine) qui traitait de la question sous une forme assez originale. Malheureusement, j'ai prêté ce très beau livre qui ne m'a jamais été rendu, à mon grand regret...
Effectivement, une des grilles de lecture de la sorcellerie est compatible avec le féminisme, mais ça me paraît aussi un peu limitatif. Dans le cas de ce qui nous préoccupe ("The Ninth Wave" de KB), je ne suis pas certain que ce soit le moteur de ce que KB a tenté d'exprimer, s'étant toujours un peu distanciée des combats féministes, en tout cas ne s'étant jamais revendiquée comme telle, ayant toujours eu à se féliciter de la relation qu'elle entretenait avec les hommes, tant sur le plan personnel que professionnel. Le cas KB est d'ailleurs intéressant en matière de féminisme puisque tout en se montrant prudente avec pas mal d'aspects de ce mouvement, KB ne peut nier qu'à sa façon, elle a permis à pas mal de femmes de tracer leur propre voie et il lui a fallu lutter contre le machisme ambiant et la phallocratie de pas mal de médias qui préféraient vanter (voire lui reprocher) ses atouts physiques que se concentrer sur sa valeur créatrice. Pour moi, KB est une des figures d'un type de féminisme auquel je m'associe, au même titre que d'autres grandes figures comme les soeurs Brontë, Jane Austen, George Sand, Colette, Virginia Woolf, Elisabeth Badinter pour n'en citer que qqs-unes. Des femmes supérieures que la qualité de leur travail est la meilleure preuve de cette égalité revendiquée avec tant d'agressivité et de rejet des hommes parfois chez d'autres militantes, ce qui, je le crains, mine voire discrédite le combat néanmoins légitime. Agiter des bannières n'est pas forcément le meilleur moyen de convaincre. "Être" me semblant souvent le meilleur argument.
Je connais mal le travail de Mona Chollet, n'étant pas très attiré par ce type de féminisme portant aux nues une Adèle Haenel pour laquelle je me sens TRES nuancé, ainsi que cette vague MeToo dont je partage le combat, tout en doutant des moyens mis en oeuvre. J'écouterai l'émission sur France-Cul qui fait apparemment référence à l'ouvrage de Michelet "La Sorcière", essai que j'avais trouvé assez passionnant il y a TREEEEEEEEEES longtemps. En effet, depuis l'enfance, j'ai toujours été fasciné par le personnage de la sorcière et jeune adulte, je me suis intéressé d'assez près à la question jusqu'à rédiger une sorte de mémoire dans le cadre de ma formation. Le bouquin de Michelet avait d'ailleurs été une des références utilisées à cet effet. Je m'étais aussi procuré un très bel ouvrage d'Erica Jong (poétesse féministe américaine) qui traitait de la question sous une forme assez originale. Malheureusement, j'ai prêté ce très beau livre qui ne m'a jamais été rendu, à mon grand regret...Effectivement, une des grilles de lecture de la sorcellerie est compatible avec le féminisme, mais ça me paraît aussi un peu limitatif. Dans le cas de ce qui nous préoccupe ("The Ninth Wave" de KB), je ne suis pas certain que ce soit le moteur de ce que KB a tenté d'exprimer, s'étant toujours un peu distanciée des combats féministes, en tout cas ne s'étant jamais revendiquée comme telle, ayant toujours eu à se féliciter de la relation qu'elle entretenait avec les hommes, tant sur le plan personnel que professionnel. Le cas KB est d'ailleurs intéressant en matière de féminisme puisque tout en se montrant prudente avec pas mal d'aspects de ce mouvement, KB ne peut nier qu'à sa façon, elle a permis à pas mal de femmes de tracer leur propre voie et il lui a fallu lutter contre le machisme ambiant et la phallocratie de pas mal de médias qui préféraient vanter (voire lui reprocher) ses atouts physiques que se concentrer sur sa valeur créatrice. Pour moi, KB est une des figures d'un type de féminisme auquel je m'associe, au même titre que d'autres grandes figures comme les soeurs Brontë, Jane Austen, George Sand, Colette, Virginia Woolf, Elisabeth Badinter pour n'en citer que qqs-unes. Des femmes supérieures que la qualité de leur travail est la meilleure preuve de cette égalité revendiquée avec tant d'agressivité et de rejet des hommes parfois chez d'autres militantes, ce qui, je le crains, mine voire discrédite le combat néanmoins légitime. Agiter des bannières n'est pas forcément le meilleur moyen de convaincre. "Être" me semblant souvent le meilleur argument.
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Re: Influences
Pierre Sam 11 Juin - 12:03
Pour compléter, deux films de référence ayant traité de la sorcellerie de façon intéressante. Tout d'abord, "Les sorcières de Salem", un classique avec une beau casting (Montand, Signoret, Piccoli) tiré du bouquin d'Arthur Miller:
Et un souvenir traumatique de mon enfance: "Le destin exécrable de Guillemette Babin" qui, à travers le cas d'un procès de sorcellerie à la fin du 16e siècle, retrace ce que fut l'inquisition, un peu comme dans "La Sorcière" de Michelet. J'aimerais pouvoir mettre un lien pour visionner le film, mais ça conduit à une plateforme utilisant parfois des pubs que ma responsabilité d'administrateur m'empêche de diffuser...
En faisant une recherche google et en vous rendant dans l'onglet vidéos, vous pourrez le visionner si vous le souhaitez. Je ne l'ai pas revu depuis mon enfance, il se peut donc que ce soit naze... Mais j'en garde un sacré souvenir... 
En tout cas, certains supplices comme celui décrit par KB dans "Waking the Witch" y sont abordés, ainsi que le rôle de l'inquisiteur.
Et un souvenir traumatique de mon enfance: "Le destin exécrable de Guillemette Babin" qui, à travers le cas d'un procès de sorcellerie à la fin du 16e siècle, retrace ce que fut l'inquisition, un peu comme dans "La Sorcière" de Michelet. J'aimerais pouvoir mettre un lien pour visionner le film, mais ça conduit à une plateforme utilisant parfois des pubs que ma responsabilité d'administrateur m'empêche de diffuser...
En faisant une recherche google et en vous rendant dans l'onglet vidéos, vous pourrez le visionner si vous le souhaitez. Je ne l'ai pas revu depuis mon enfance, il se peut donc que ce soit naze... Mais j'en garde un sacré souvenir... En tout cas, certains supplices comme celui décrit par KB dans "Waking the Witch" y sont abordés, ainsi que le rôle de l'inquisiteur._________________
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Re: Influences
hiram33 Sam 11 Juin - 13:39
Dankon multo Pierre pour ta réponse.
Dans Waking the witch, les amis et la famille de l'hérïne du texte apparaissent comme dans un rêve, essayant de la réveiller et de l'empêcher de se noyer. Kate Bush a demandé à sa famille et aux membres de son groupe d'enregistrer les voix au début de la chanson. Dans cette chanson, elle s'imagine être jugée pour sorcellerie. Kate a dit ceci à propos de la chanson :
Je pense que c'est très intéressant, tout le concept de la chasse aux sorcières et la peur du pouvoir des femmes. Et dans cette chanson, cette femme est persécutée par le chasseur de sorcières et tout le jury, bien qu'elle n'ait commis aucun crime, et ils essaient de la pousser dans l'eau pour voir si elle va couler ou flotter.
La combinaison d'instruments avec des voix décalées, des chants atonaux, des cloches d'église, et un motif de guitare sur lequel Kate a placé un effet de "delay" crée un collage sonore intense et désorientant. Le bruit d'hélicoptère présent dans la chanson est le même que celui qui a été utilisé sur The Wall de Pink Floyd.
La dernière chanson du cycle, "The Morning Fog", voit le sauvetage de l'héroïne et les premiers rayons de lumière dans le ciel du matin. Bush a écrit que c'est vraiment une chanson qui remet la vie en perspective et qui consiste à'être si reconnaissant pour tout ce que vous avez, dont vous n'êtes jamais reconnaissant dans la vie ordinaire.
Waking the witch met en exergue Del Palmer à la basse fretless, un instrument que Kate Bush privilégie dans plusieurs de ses chansons pour son lyrisme élastique et expressif.
Je croix que les passages de la chanson dans lesquels la voix de Kate semble fractionnée par un vocoder ou le Fairlight symbolisent la difficulté de se réveiller, les cris de baleine font partie du rêve mais je n'ai as d'explication pour l'hélico
Dans Waking the witch, les amis et la famille de l'hérïne du texte apparaissent comme dans un rêve, essayant de la réveiller et de l'empêcher de se noyer. Kate Bush a demandé à sa famille et aux membres de son groupe d'enregistrer les voix au début de la chanson. Dans cette chanson, elle s'imagine être jugée pour sorcellerie. Kate a dit ceci à propos de la chanson :
Je pense que c'est très intéressant, tout le concept de la chasse aux sorcières et la peur du pouvoir des femmes. Et dans cette chanson, cette femme est persécutée par le chasseur de sorcières et tout le jury, bien qu'elle n'ait commis aucun crime, et ils essaient de la pousser dans l'eau pour voir si elle va couler ou flotter.
La combinaison d'instruments avec des voix décalées, des chants atonaux, des cloches d'église, et un motif de guitare sur lequel Kate a placé un effet de "delay" crée un collage sonore intense et désorientant. Le bruit d'hélicoptère présent dans la chanson est le même que celui qui a été utilisé sur The Wall de Pink Floyd.
La dernière chanson du cycle, "The Morning Fog", voit le sauvetage de l'héroïne et les premiers rayons de lumière dans le ciel du matin. Bush a écrit que c'est vraiment une chanson qui remet la vie en perspective et qui consiste à'être si reconnaissant pour tout ce que vous avez, dont vous n'êtes jamais reconnaissant dans la vie ordinaire.
Waking the witch met en exergue Del Palmer à la basse fretless, un instrument que Kate Bush privilégie dans plusieurs de ses chansons pour son lyrisme élastique et expressif.
Je croix que les passages de la chanson dans lesquels la voix de Kate semble fractionnée par un vocoder ou le Fairlight symbolisent la difficulté de se réveiller, les cris de baleine font partie du rêve mais je n'ai as d'explication pour l'hélico
hiram33- Messages : 24
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Re: Influences
Pierre Sam 11 Juin - 14:48
hiram33 a écrit:Je croix que les passages de la chanson dans lesquels la voix de Kate semble fractionnée par un vocoder ou le Fairlight symbolisent la difficulté de se réveiller, les cris de baleine font partie du rêve mais je n'ai as d'explication pour l'hélico
Si on s'en tient à la mise en scène de "The Ninth Wave" lors des concerts de "Before the Dawn" en 2014, le son de l'hélicoptère (une machine réelle qui passait au dessus du public) correspond à un principe de réalité: pendant que la rescapée alterne entre périodes d'endormissements et de réveils, elle est recherchée par une équipe de sauvetage par hélicoptère. Le son de l'hélicoptère est un donc un son réel qu'elle associe à son cauchemar.
La mise en scène de "The Ninth Wave" était particulièrement intéressante. Tout ce qui était de l'ordre de la réalité était un enregistrement projeté sur écran (comme le clip de "And Dream of Sheep"), alors que tout ce qui était d'ordre onirique se situait sur la scène, à l'exception de "The Morning Fog" qui voit KB ré-émerger de la salle pour rejoindre la scène illuminée. As-tu vu l'unique captation pirate de cette séquence par une personne du public Thierry? Si ce n'est pas le cas, C'EST ICI!
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Re: Influences
hiram33 Sam 11 Juin - 15:11
Oui, je l'ai vu. Il y aurait une version complète ailleurs ? J'avais bien compris que l'hélico servait au sauvetage de Kate dans l'océan mais cela m'a paru contraire au texte de Waking the witch qui semble décrire une scène d'inquisition contre une sorcière. Est-ce que le scénario du spectacle de 2014 sert d'explication à The ninth wave, explication que Kate avait déjà en tête en 1985. Il ne semble pas qu'elle fasse allusion à une femme perdue en mer dans The Ninth wave.
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Re: Influences
hiram33 Sam 11 Juin - 15:26
The Morning fog est pour moi un sauvetage métaphorique. C'est le procédé des initiations, mourir pour mieux renaitre que l'on trouve dans diverses sociétés traditionnelles en Amérique et en Afrique et aussi en franc-maçonnerie en ce qui concerne l'Occident. On retrouve les quatre éléments présents dans les initiations
The light (feu)
Begin to bleed
Begin to breathe (air)
Begin to speak
D'you know what?
I love you better now
I am falling
Like a stone (terre)
Like a storm (eau)
Being born again
The Morning fog me fait penser la fin de La Flûte enchantée (opéra maçonnique)
Malgré les pièges tendus par la Reine de la Nuit, ses trois servantes et l’esclave Monostatos, Pamina et Tamino réussissent à traverser les épreuves de l’eau et du feu, guidés, dans leur initiation par « la toute puissance de la musique ». Papageno, lui, a enfin trouvé sa Papagena. Les forces mauvaises ayant été englouties dans les ténèbres, Sarastro célèbre la félicité du jeune couple : « les rayons du soleil repoussent la nuit. »
The light (feu)
Begin to bleed
Begin to breathe (air)
Begin to speak
D'you know what?
I love you better now
I am falling
Like a stone (terre)
Like a storm (eau)
Being born again
The Morning fog me fait penser la fin de La Flûte enchantée (opéra maçonnique)
Malgré les pièges tendus par la Reine de la Nuit, ses trois servantes et l’esclave Monostatos, Pamina et Tamino réussissent à traverser les épreuves de l’eau et du feu, guidés, dans leur initiation par « la toute puissance de la musique ». Papageno, lui, a enfin trouvé sa Papagena. Les forces mauvaises ayant été englouties dans les ténèbres, Sarastro célèbre la félicité du jeune couple : « les rayons du soleil repoussent la nuit. »
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Re: Influences
Pierre Sam 17 Fév - 22:26
Ce post sera, à mon avis, absolument déterminant dans le cadre de ce sujet pour ceux qui ignoreraient encore les sources d'inspiration musicale de Madââââme. Et même ceux qui pensent en avoir une idée assez précise risquent peut-être d'être surpris... Il est vrai que KB s'est exprimée sporadiquement et de façon imprécise sur le sujet. Pourtant, en décembre 1980, elle a levé le voile, à la grande surprise de beaucoup d'auditeurs et même des organisateurs de l'évènement, en sélectionnant très précisément et généreusement des extraits musicaux résumant l'essentiel de l'environnement musical l'ayant directement influencée. Initialement, elle était, comme ses pairs, conviée à relever le défi dans le cadre d'UNE émission de la BBC sur Radio1par Paul Gambacini. Il l'évoque d'ailleurs deux ans plus tard lors d'une autre interview (cette fois télévisée) de KB à 3'45":
Mais Madââââme, fidèle à sa légende, ne fait décidément rien comme les autres. Prenant cela très au sérieux et devant la quantité d'extraits proposés, l'émission s'est transformée en deux volets de 45 mns, le premier consacré aux musiques traditionnelles et classiques (30/12/1980), le second aux morceaux pop/rock (31/12/1980). En voici la sélection:
Quand nous avons commencé à nous réunir sur le premier forum consacré à KB par Swann, nous avons été informés que deux fichiers mp3 de ces enregistrements avaient été archivés sur un site (aujourd'hui disparu). J'avais réussi à les copier et les graver sur cd! Grosse erreur puisque le cd en question est désormais illisible. Depuis, je désespérais de retomber sur ces enregistrements tout à fait passionnants, voire indispensables à qui s'intéresse profondément au travail de KB.
Grâce au site KB News & Information, une foule de documents sonores concernant son travail ont été soigneusement archivés SUR CETTE PAGE SOUNDCLOUD qui est une véritable mine d'enregistrements, pour certains inédits ou peu diffusés.
Et, pour mon grand bonheur, et bientôt le vôtre j'imagine, ces deux émissions sont disponibles. Sans trop divulgâcher le contenu (la "set-list" est déjà relayée, mais les commentaires de KB concernant les titres, c'est ce qui en fait toute la valeur!), je me bornerai à dire que si, à l'époque, la sélection avait de quoi surprendre comme s'en souvient Paul Gambaccini lui-même (et pourtant, il était difficile d'imaginer à quoi s'attendre...), elle prend maintenant tout son sens et se révèle d'une cohérence absolue pour qui, comme nous, connaissons bien son oeuvre et l'esprit qui la gouverne.
Alors évidemment, c'est en anglais...
Pour les non-anglophones, ce sera donc un peu frustrant. Néanmoins, pour chacun des liens audio que je vais relayer correspond une transcription (en anglais elle aussi, mais c'est mieux que rien) qui avait été réalisée par le Gaffawaeb et qui accompagnera les liens souncloud. Vraiment, je vous conseille d'écouter au moins les morceaux sélectionnés, mais si vous vous débrouillez un peu en anglais, ça vaut vraiment le coup de s'y pencher. Ca pourrait servir de base à des échanges de commentaires sur ce sujet. Perso, j'ai plein de choses à dire... (Pas de bol! 
):BBC Radio 1 Paul Gambaccini Kate's Favourite Folk & Classical 30th December 1980:
LIEN SOUNDCLOUD
TRANSCRIPTION GAFFAWEB
BBC Radio 1 Paul Gambaccini Kate's Favourite rock and pop 31st December 1980:
LIEN SOUNDCLOUD
TRANSCRIPTION GAFFAWEB
Enjoy!
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