2011-"50 Words for Snow"

Maxence a écrit:



C’est là que “classer” devenait compliqué, car à partir de maintenant, je vais parler des albums de Kate Bush que j’admire vraiment, et non plus simplement de ceux que j’aime, même beaucoup.
50 words for Snow ouvre donc le bal. Un album très étonnant, d’une beauté vraiment différente. Il est vrai que ce n’est pas forcément le genre de musique que moi, en tant qu’adolescent, viendrait à trouver “beau” : c’est lent, très lent, et la plupart des chansons ne correspondaient pas forcément à ce que j’attendais d’une musique en terme de structure il y a quelques années encore. C’est à travers cet album que je constate que Kate Bush m’a fait évoluer en tant que personne, en remettant en question ma définition d’une “chanson” et en me montrant qu’aucune limite n’existait en musique, que tout pouvait y être exprimée, et que l’inhabituel, le dérangeant et le déroutant, pouvaient s’apprécier et être contemplés après un processus d’acceptation et de découverte.
On parle toujours de The Dreaming comme étant l’album le plus expérimental de Kate Bush, mais je ne suis pas vraiment d’accord. Pour moi, son travail le moins accessible, c’est 50 Words for Snow. C’est un disque qui renverse vraiment la table (certes, avec lenteur, faut voir l’image au ralenti   ), en proposant des titres qui sont totalement en dehors des carcans de la musique “pop”, prouvant à quel point Kate s’en est parfaitement libérée, et en invitant les auditeurs à repenser avec elle ce que peut être une musique. Alors d’accord, elle n’a pas inventé l’ambient-pop. Mais quand on sait par quoi Kate Bush a commencé, on constate une évolution très intéressante dans son parcours… C’est peut-être aussi pourquoi cet album divise tant, y compris chez les fans !
Je vois 50 words for snow comme ce vieux classique de la littérature du XIXe siècle qui fait partie de ma bibliothèque : lourd et effrayant, avec des longueurs et une structure d’un autre temps, mais une écriture, un propos et des personnages passionnants. C’est un album qui se fiche de plaire : il existe “pour lui” et se mérite. Et puis, c’est Kate Bush à son piano pendant plus d’une heure, le rêve !
Le titre de l’album qui illustre le plus cette pensée est d’après moi “Lake Tahoe” : un titre que je n’aimais pas vraiment lors de mes débuts en tant que fan de Kate Bush, mais qui est aujourd’hui l’un de mes titres préférés de son répertoire. C’est un film musical de toute beauté, commençant comme un conte de Noël inquiétant et s'achevant sur des cris spectraux se déployant sur une instrumentation chaotique et transcendante.  
J’ai l’impression que c’est sur 50 words for Snow que le talent de narratrice de Kate Bush s'est le plus exprimée. Cet album s’apparente à un recueil de contes de Noël, où se mêlent fantômes, yétis, bonhommes de neige et anges, et où l’importance de Kate pour le mystique (que je partage totalement) ressort le plus. C’est aussi pour cette raison que j’aime tant “Wild Man”. L’histoire racontée est géniale, mais la réflexion développée sur le mystère l’est d’autant plus !
Et puis, il y a Snowflake… Etonnemment l’un des premiers titres de Kate Bush que j’ai entendu. Et immédiatement, j’ai été charmé. Charmé par cette petite poésie et cette délicatesse. Mais… J’ai appris il y a un an ou deux que la voix principale de Snowflake était celle de Bertie. Est-ce vrai ?   Honnêtement, je l’écoute très souvent et je ne parviens pas à y deviner la voix d’un petit garçon…   Pour moi, c’est pourtant bien la voix de Kate Bush ! Peut-être que je suis aussi dans le déni… J’aime tellement cette chanson que je ne parviens pas à reconnaître que la voix qui me berce sur ce titre n’est pas celle de l’artiste que j’aime le plus.