Rufus Wainwright

J'étais en train d'écouter successivement les deux "Want" du Monsieur, ce qui m'a décidé à me renseigner un peu sur son actualité que j'avais un peu négligée depuis un moment... Quelle ne fut pas ma surprise en apprenant qu'au mois d'avril, Rufus Wainwright a sorti un album assez surprenant dans la démarche (enfin, pas si surprenant en réalité...) chez Deutsche Grammophon:



Voici la présentation sur le site de Deutsche Grammophon:

RUFUS WAINWRIGHT PRÉSENTE SON NOUVEAU DISQUE « TAKE ALL MY LOVES : 9 SHAKESPEARE SONNETS »


Rufus Wainwright célèbre le quatre centième anniversaire de la mort de Shakespeare de manière éclatante, comme à son habitude, avec un disque Deutsche Grammophon tout à fait original où sont enregistrés neuf sonnets de Shakespeare sous forme de récitation et sous forme musicale (sortie le 22 avril). C’est sa première production avec Marius de Vries depuis leur épique série d’albums Want.Parmi les interprètes figurent celle à a voix d’ange Florence Welch, ainsi que Martha Wainwright et Anna Prohaska, et les acteurs Sîan Phillips, Helena Bonham Carter, Carrie Fisher et William Shatner.

Déjà, bonne nouvelle: Il renoue avec Marius de Vries, responsable de la plus belle production du Canadien (les deux "Want"). A-priori, ça a l'air bien plus intéressant que ses errances récentes. Je termine l'écoute de "Want 2" et je m'y colle... Mes premières impressions à l'issue...

Pour ceux que ça intéresse avant d'en savoir plus :

Mes toutes premières impressions: déjà, il me paraît difficile d'avoir une idée arrêtée après une seule écoute... C'est un travail déroutant, très hétérogène dans lequel se succèdent morceaux lyriques, récitations de sonnets (en anglais ou en allemand), un numéro un peu brechtien très théâtral, un morceau plutôt "rock", des choses plus dépouillées. Au final, on entend peu Rufus Wainwright. C'est très surprenant et intéressant, mais pas le genre de truc qu'on écoutera en boucle. Perso, ce sont les moments lyriques qui m'ont le plus "enlevé", le truc brechtien est assez marrant aussi. Bref, c'est davantage un "projet abouti" qu'un véritable album. Difficile d'en dire plus pour l'instant... A écouter avant d'acheter... Mais c'est tout à fait intéressant.

Sa soeur aussi a sorti un disque récemment. Pas écouter et c'est vrai que l'ai complètement zappé depuis longtemps.

L'autre jour, je suis tombé sur l'excellent docu (sorti en dvd à l'origine) "All I want". 2 critiques: c'est un peu complaisant et impudique (Rufus Wainwright n'hésite pas à entrer dans les détails de sa vie privée en insistant bien sur ses dépendances au sexe et aux drogues), mais aussi très honnête. On peut être à la longue agacé par le côté mélo-déballage ou au contraire touché par toute cette sincérité qui permet, en outre, de comprendre le personnage, mais surtout certains de ses textes.
La 2e chose qui me gonfle assez, c'est que la plupart des intervenants (certains "prestigieux" comme Elton John) représentent une sorte de gotha gay, ce qui a tendance à enfermer RW dans un personnage d'égérie du mouvement LGBT, ce que je trouve assez réducteur. Ses chansons expriment un peu plus que ça tout de même.
Une grande importance est aussi donnée au cadre familial, ce qui est assez éclairant sur le personnage et son travail, mais là encore, il y a un côté déballage impudique qui n'est pas toujours nécessaire. Le personnage de Loudon Wainwright est très souvent évoqué (et pas toujours à son avantage, quels que soient les membres de la famille...), mais lui n'intervient jamais, ce qui est dommage car son éclairage aurait été intéressant.
Les témoignages de Pierre Marchand et Marius De Vries, producteurs de "Poses" et des deux "Want" sont plus intéressants, parce-que, finalement, c'est l'aspect créatif et artistique qu'on a le plus envie de découvrir. Les pléthores de compliments de ses congénères, redondants voire envahissants, ne servent qu'à alimenter les aspects dithyrambiques et narcissiques qui sont, par ailleurs suffisamment exprimés par RW,lui-même. l'organisation du docu rappelle assez "RUTH- The story of Kate Bush" de la BBC en 2014, à la différence que celui se consacrait essentiellement à l'aspect professionnels et artistique de KB.
Malgré tous ces aspects agaçants qui pourraient ternir l'image du personnage, on ne peut s'empêcher de trouver le personnage attachant, car incroyablement honnête avec ce qu'il donne à offrir de lui-même.
Attention, le docu est en anglais sans sous-titres.

Aujourd'hui, j'avais très envie de revenir à Rufus Wainwright (dans la foulée, j'ai écouté "All Days are Nights: Songs for Lulu", "Want 2" et "Poses"). Du coup je me suis dit que ça faisait un moment que je ne m'étais pas penché sur l'actualité du monsieur. Recherche google et là j'apprends qu'il y a un peu plus d'un an, RW a sorti un nouvel album "normal" (ni opéra, ni live hommage, un nouvel album pop quoi...): "Unfollow the rules":



Je l'ai immédiatement trouvé en flac, et là, je suis en train de l'écouter. Pour l'instant, comme d'habitude, album de qualité avec toutes les composantes habituelles (super voix-d'ailleurs plus maîtrisée, grande variété des compos, belle production (Mitchell Froom, l'ex de Suzanne Vega qui avait également produit The Ditty Bops, il y a donc une tonalité assez soft-jazz et vaguement varités, "de bon ton"), bons musicos). Pour l'instant, ça me paraît plus consensuel, moins excentrique et surchargé, ce qui est sans-doute dû à la production toujours très équilibrée, professionnelle et agréable de Mitchell Froom, à défaut d'être vraiment originale, mais ça s'arrange sur la fin de l'album
Bon, pas de critique réelle à formuler si ce n'est que c'est un peu "lisse" à mon goût, je préfère Rufus Wainwright plus excessif et passionné, quitte à se montrer cabotin. Mais pour ceux qui ont du mal à supporter ses grandiloquences, "Unfollow the Rules" sera peut-être l'album de référence. Perso, même si je trouve bien sympa, je m'ennuie un peu, rien ne sort vraiment du lot... En tout cas, ça fait plaisir de le retrouver.

Comme avec Tori Amos (j'ai tendance à les associer, comme KB avec Neil Hannon), on a le droit à l'explication de texte officielle (que j'écouterai après):



Pour ceux qui veulent y jeter une oreille: l'album en playlist YT.

Et trois clips officiels:

J'avoue que mon intérêt pour Rufus Wainwright ces dernières années s'est un peu émoussé ( Apparemment je n'étais pas le seul si je m'en tiens au peu de réactions que les derniers posts avaient suscité...) alors qu'à un moment, j'étais vraiment à fond! Mais je trouve qu'il s'est éparpillé dans tout un tas de choses extrêmement différentes, toujours avec cette ambition quelque-peu démesurée qui le caractérise, voire une certaine mégalomanie. Du coup je me sentais un peu submergé et j'ai un peu lâché l'affaire...

J'apprends donc aujourd'hui qu'en juin, il a sorti "Folkocracy", un double album (en vinyle):



Encore un projet ambitieux avec la participation d'une pléiade de participations extérieures prestigieuse sous forme de duos: encore une fois Antony/Anohni, mais aussi Andrew Bird, David Byrne (Talking Heads), Brandi Carlile, Sheryl Crow, Madison Cunningham, Susanna Hoffs, Chaka Khan, John Legend, Anna McGarrigle, Van Dyke Parks (qui avait, entre autres, produit "Ys" de Joanna Newsom), Nicole Scherzinger, Chris Stills, and Chaim Tannenbaum. Il s'agit d'un album de reprises de monuments de la scène folk comme Neil Young, de chansons traditionnelles, mais Rufus Wainwright ne serait pas ce qu'il est sans une incursion dans la musique classique avec un titre inspiré par un morceau de Franz Schubert. Fidèle à cette mégalomanie que j'évoquais, il n'a pu s'empêcher de se reprendre lui même avec un titre issu de son album "Release the Stars", "Going to a Town" (qui est justement le duo avec Anohni). L'album est produit par Mitchell Froom (ex mari et producteur de Suzanne Vega).

Pas encore écouté, mais j'embraye sitôt le téléchargement terminé...

Pour ceux qui veulent tenter une écoute en streaming de l'album sur YT en un seul fichier:



Sinon, ce soir, il commence une mini tournée symphonique américaine (+ Londres) pour commémorer les deux "Want" : "Want Symphonic Tour" et embraye en octobre pour 3 dates à Paris à la Philharmonie (Cité de la Musique) "Rufus-Retro-Wainwright-Spective" avec 3 thématiques différentes pour chacune des soirées: Act 1: Songs of Youth and Addiction, Act 2: Songs of Love and Desire et Act 3: Songs of Contempt and Resistance. Il terminera en novembre, cette fois en solo, de nouveau aux Etats-Unis. Gros programme donc!

A noter: pour les soirées parisiennes, il ne reste apparemment plus de places pour les deux dernières, seulement qq-unes pour la 1ère... Pas grave en ce qui me concerne, je ne prévoyais pas de m'y rendre, mais peut-être qu'Emma serait intéressée...









A préciser, ces évènements sont consécutifs à la tournée "Folkocracy" ayant débuté en juin.



Ca fait donc une tournée géante de 5 mois! Respect!

Pour terminer, réédition en vinyles des 2 "Want" (éditions double vinyles colorés par album) uniquement commandables sur le site de bandbox.



Mon téléchargement est terminé pour "Folkocracy", je m'y colle donc!

Premières impressions: après la 1ère écoute de l'album que j'avais téléchargé, j'ai foncé à la FNAC à côté de chez moi pour prendre le vinyle (j'avais vu sur le site qu'il leur en restait. En réalité, je suis tombé sur le dernier exemplaire en rayon et, bonne surprise: en prix vert, il était à 10 euros de moins que le prix annoncé, soit 29 euros, ce qui est très correct pour un double vinyle).

Seconde surprise: l'objet est absolument superbe: pochette ouvrante avec le livret relié à l'intérieur, comme un livre, avec toute l'esthétique graphique folk, mais plus classe et assez "gay-friendly" avec ses tonalités blanches, turquoise et or:








Verso:

Musicalement, le projet me faisait craindre un truc un peu artificiel, comme un exercice de style supplémentaire auquel RW, étranger à ce qui fait sa spécificité et c'est là que c'est particulièrement réussi: il parvient à associer un répertoire effectivement folk/musiques traditionnelles (dont 2 chansons écossaises, une hawaienne) à des interprétations, en deuxième partie, héritées de la musique classique avec le piano (superbement joué!) comme toile de fond. Par ailleurs, le fait d'être associé à d'autres voix (toutes intéressantes) l'oblige à adapter la sienne. Du coup, jamais, à mes yeux ou plutôt mes oreilles, il n'a aussi bien chanté, sans chercher à impressionner ou à se mettre en avant de façon démonstrative. Aucune frime ni tentation cabotine (ce qu'on peut parfois lui reprocher) dans cet album très équilibré, surprenant, parfois émouvant (le dernier titre clôt magnifiquement l'album, en compagnie de plusieurs membres de son cercle familial: soeurs, tante, cousin, ami intime de la famille et banjo de sa mère Kate McGarrigle pour l'intégrer de cette façon à ce qui est probablement un hommage collectif à sa mémoire).
Du premier titre au dernier, tout est beau, intéressant, varié,  éxécuté et maîtrisé avec beaucoup de talent et d'élégance par tous les intervenants comme par le producteur, à la fois cohérent dans l'esprit comme aventureux dans la forme. J'adore déjà cet album et le considère comme ce qu'il a fait de mieux depuis "All Days are Nights: Songs for Lulu", album que j'avais beaucoup aimé, dans un tout autre style. Quoi que... Sinon, techniquement, l'enregistrement comme le pressage des vinyles est irréprochable, du beau boulot, vraiment.

Je reviendrai plus en détail sur certains titres qui, pour moi, se sont davantage dégagés de l'ensemble, bien qu'il n'y ait absolument rien à jeter dans ce TRES bel album. Bravo Rufus! Belle surprise, je ne m'y attendais vraiment pas et je suis ravi! Ce malgré des critiques, toutes positives, certes, mais, à mon sens, un peu trop "mesurées".

Décidément, j'en apprends un peu plus chaque jour...

Il y a 25 ans, RW sortait son premier et déjà excellent album:



Pour fêter ça, en plus de ce nouvel album "Folkocracy", il a sorti (uniquement sous format digital), le jour de la date anniversaire en mai, une nouvelle version de ce debut-album. Même la pochette a été "actualisée" :



En plus des 12 titres originaux remasterisés, voire remaniés pour certains, 3 chansons inédites des sessions de l'époque+7 autres titres inédits issus du coffret de son intégrale de 2011 "House of Rufus". Je suis en train de "tester", mais ça fait tellement longtemps que je ne l'avais pas écouté que j'ai beaucoup de mal à comparer...

Cet album avait pour vertu, outre sa qualité impressionnante pour un premier album, de s'être fait connaître grâce à cette vidéo très marrante dans laquelle il arpente les rues avec 5 héroïnes des opéras les plus mythiques (Carmen, Mme Butterfly, Tosca, la Boheme et Rigoletto) qui finissent par mourir dans les mêmes circonstances, alors que la chanson n'était même pas sortie en single...



L'album éponyme, malgré d'excellentes critiques, n'avait pas eu le succès escompté. Même chose pour "Poses", le suivant. Il faudra attendre "Want One" et surtout "Want Two" pour une notoriété enfin méritée.

Cet article donne un peu plus de détails sur les deux éditions.