1985-"Hounds of Love"

Pierre a écrit:Madâââââme vient du publier sur sa chaîne YT sa prestation de "RUTH" à Wogan (qui marquait son retour après plus de 2 ans d'absence médiatique). C'est le support qui avait été utilisé au lieu de la vidéo officielle sur MTV aux USA à l'époque. Pour le coup, là je serai d'accord avec Alexis: si ça ce n'est pas de l'opportunisme... Mais je ne me plains pas car c'était une excellente prestation télévisée, très pertinente par-rapport à la pochette du single, elle y était extrêmement belle, de plus il n'y a rien qui parasite l'intégralité de la vidéo et la qualité est excellente (ce serait bien d'ailleurs qu'ils remanient toutes ses vidéos officielles, toujours en 480p... quitte à faire dans l'opportunisme, autant y aller à fond! )



Déjà plus de 12 000 vues alors qu'elle a été publiée aujourd'hui...

Renaud a écrit:Mouais, en ce qui me concerne, je ne suis franchement pas fan de ses prestations TV de RUTH.

Renaud a écrit:Par contre j'adore le clip !

Maxence a écrit:

1) Hounds of Love :




J’aurai donc été le seul de ce forum à placer Hounds of Love au sommet de mon classement…   Qu’il en soit ainsi !   Pour moi, c’est le plus bel ensemble musical qu’il m’ait été donné d’entendre. Un véritable chef-d’oeuvre, qui me vient immédiatement à l’esprit quand je pense à toutes ces musiques que l’on pourrait qualifier de “somptueuses” ou de “grandioses”, tant ça le décrit bien. Sa densité et sa richesse le rend vraiment obsédant et captivant, si bien que c’est l’album de Kate que j’écoute le plus depuis que je la connais. A chaque écoute, je suis transporté par la production vraiment magnifique, immaculée et éthérée, qui m’impressionne aussi par son modernisme. Sérieusement, à l’exception des trois premiers titres, ça ne sonne comme aucune autre sortie des années 80, c’est si frais, si novateur, si futuriste ! Ce disque contraste vraiment avec les autres grands succès de la même année, beaucoup plus clinquants. “Hounds of Love” pourrait être sorti la semaine dernière, ça ne me choquerait pas du tout… Savoir qu’il a presque 40 ans est assez déstabilisant, et prouve son immense talent de productrice et son merveilleux usage des technologies. La première partie est constituée de très belles chansons passionnelles.
Elle s’ouvre sur un Running up That Hill épique au synthétiseur étincelant, qui pose l’atmosphère nocturne et éthérée si caractéristique de l’album, avant d’enchaîner sur Hounds of Love.
Jusqu’à très récemment, la chanson-titre de cet album me laissait indifférent et ne m’intéressait pas. Or, une attention toute particulière sur ce morceau m’a fait saisir tout son charme. Aujourd’hui, c’est évident pour moi. Sa voix mélodramatique est insufflée d’une telle passion extrême, qu’une fois entourée de ces violons mélodieux et luxuriants, elle me fait complètement chavirer. Quand elle hurle “Take my shoes off, and throoooooow them in the laaaake” je succombe, on croirait qu’elle lance des fléchettes ! Et pour le coup, c’est moi qu’elle devait viser…
Ce que je veux dire avec cet aparté sur ce morceau, c’est qu’Hounds of Love (l’album), malgré des centaines d’écoutes, ne cesse de me surprendre et de remettre en question ce que je croyais considérer comme acquis. Plus le temps passe, et plus j’aime cet album, plus encore que je ne l’ai jamais aimé, alors que je l’ai presque toujours considéré comme mon préféré.
A la suite, il y a le génialissime The Big Sky, titre qui déchire grave où elle se libère totalement et laisse son excentricité se déchaîner, en s’éclatant comme une folle. On décolle avec elle, pour gagner un ciel coloré où s’éclatent mille et un feu d’artifices. C’est joyeux et délirant, ça fuse de partout.  
Alors d’accord, c’est de la pop. Mais Kate Bush nous montre avec ces trois premiers titres, à quel point la pop peut être belle quand elle est faite avec tant de soin et d’émotions.
Et même si Dieu sait que j’aime ces trois premiers morceaux, ce sont les deux derniers de ce premier disque qui feront sa suprématie, étant donné que l’enchanteur “Mother Stands for Comfort” suit... Je n’ai jamais compris pourquoi ce titre était si peu valorisé par la plupart des fans. J’aime les résonances industrielles et froides de la musique, les lignes de basse graves, et ce son de verre brisé qui guide la mélodie est innovant et très intéressant. La voix de Kate est obsédante, surtout vers la fin, lorsque surgissent ses hurlements déstructurés et spectraux qui oscillent à mes oreilles.
Et enfin, il y a Cloudbusting… La plus belle chanson d’Hounds of Love, si ce n’est la plus belle chanson de Kate Bush (si Wuthering Heights n’existait pas!). La chanson qui a scellé la vision que j’avais de l’artiste. La ferveur injectée dans la voix nous transporte dans ces sentiments viscéraux si présents dans le texte, racontant une histoire onirique et pleine d’espoir. Les cordes épousent les percussions pour une mélodie orchestrale et martiale aux harmonies magnifiques. La progression, très intense, fait passer une chanson délicieusement rêveuse, voire enfantine, à un hymne de guerre transcendant où mugissent des chœurs amoureux qui m’infectent constamment de ces putains de frissons inévitables. Cette chanson est un chef-d’œuvre, et le clip qui l’accompagne est comme un petit film.  
Cela m'amène à dire que “Hounds of Love” ne constitue nullement, pour moi, une régression musicale ou stylistique par rapport à son prédécesseur. Au contraire, j’ai la sensation qu’elle est parvenue à affiner certains des sons bruts et sauvages de “The Dreaming” pour créer des résonances plus douces, gracieuses et romantiques, qui surpassent très largement une certaine idée du “beau” qu’elle cherchait probablement à atteindre avec ce cinquième album plus cohérent et consistant.
Et comme l’annonce Cloudbusting, “I just know that something good is gonna happen”, comme pour préfigurer l’arrivée impressionnante de “The Ninth Wave”.  
Alors que cette première partie frappait déjà très fort, Kate Bush se surpasse avec cette suite de chansons qui demeure la plus bouleversante qu’elle ait pu réaliser à ce jour. Si jusque-là son travail se concentrait principalement sur la recherche sonore et l'innovation, avec son cinquième album, elle fait triompher son amour pour les histoires, et allie musique et narration sur un format plus long, ce qui lui permet d’épancher son talent et d’aller encore plus loin dans le concept. L’une des raisons pour lesquelles Kate Bush a immédiatement trouvé grâce à mes yeux, est que je la vois depuis le début comme une sorte de barde, de conteuse. Elle fait résonner en moi mon amour pour les mythes, les légendes et les contes. Et même si elle n’a pas inventé l’idée d’album-concept, composer une suite musicale à partir d’une seule histoire me fait tourner la tête. The Ninth Wave est à la hauteur de ce que j’espérais. C’est une odyssée épique qui nous fait voguer sur une mer menaçante, entre rêve et cauchemar. Il y a quelques jours, j’ai écouté la Face B du vinyle seul chez moi, allongé et dans le noir complet. La musique envahissait la grande pièce, prenait la forme des murs, et chargeait le lieu d’une amplitude intimidante, si bien que j’ai vécu cette nuit-là une réelle expérience...    Je me suis vu abandonné au milieu de l’eau comme cette naufragée qui nous chante And Dream of Sheep, j’ai frémi comme à la présence d’un fantôme quand j’ai senti Under Ice répandre son souffle glacial et redoutable dans l’air, je me suis fait tout petit quand les voix démoniaques et les sortilèges de Waking the Witch ont tonitrué au-dessus de moi, comme avides de mon âme, et ai senti la maison entière trembler quand un hélicoptère a fait retentir son passage.    J’ai vu danser mille et un fantômes de marins à travers la pièce, au rythme de Jig of Life, traversés par des chevaux légendaires au galop qui frappaient le sol de leurs sabots. Je me suis cru en train de flotter avec Watching you Without Me, quand ma maison semblait se battre contre une tempête avec Hello Earth. Et enfin, après ces multiples péripéties, j’ai senti cette plénitude et cette énergie rassurante remplir mon environnement quand le sautillant “Morning Fog” est venu calmer l’orage.
Dans le noir complet, on s’abandonne à tous nos autres sens, et nos émotions sont décuplées. La musique devient le seul guide auquel on peut se rattacher, notre unique lanterne, alors elle prend une forme surpuissante. C’est vraiment ce que j’ai ressenti ce soir-là, montrant le potentiel sensoriel sans limite de The Ninth Wave, où tant d’images et de personnages se succèdent dans mon esprit. Une suite musicale qui parvient à se doter de qualités cinématographiques impressionnantes sans jamais n’avoir une seule photo imposée pour contrarier mon imagination.
Comme un saut en pleine mer, on plonge directement dans l’histoire avec And Dream of Sheep, qui nous parle de noyade avec beaucoup de poésie. J’aime sa délicatesse, et cette voix désespérée qui nous emmène sur ce piano langoureux, avec ces cordes subtiles mais émouvantes. Le milieu de la chanson nous donne carrément l’impression d’être avalé par une gigantesque vague. Puis il y a le cauchemardesque Under Ice, une histoire que personne n’aimerait vivre. J’admire comment Kate Bush est parvenue à restituer l’atmosphère glaciale qui est si saisissable : des chœurs funèbres, des sons hivernaux distillés tout au long du morceau, et surtout, des violons angoissants qui reproduisent le mouvement régulier et répétitif des patins à glace conduisant à la mort. La sensation de sombrer au fond de ce lac. Il y a aussi le fabuleux Jig of Life, cette intense ode à la vie, où s’harmonisent tous ces instruments irlandais et où la voix épique de Kate Bush nous pousse au sursaut et à la résilience. Le poème final de John Carder Bush est comme le symbole de toutes ces voix retenues prisonnières au fond de la mer, je l’adore. Un morceau digne de la grande aventure fantastique qu’est The Ninth Wave.
Ensuite, je compte parmi mes préférés le mystique Watching you Without Me. Le son y est pur, net et brillant, et illustre à lui seul les immenses talents de productrice de Kate Bush. La basse gémit et me donne l’illusion d’être dans la maison grinçante des protagonistes, alors qu’au même moment, des bidouillages électroniques, métaphores de cette présence surnaturelle, semblent envoyer des signaux de détresse, dans des voix inaudibles et déstructurées. Tout est conçu avec une telle intelligence et une telle subtilité, de la musique aux paroles, si bien pensées (You don't hear me come in - You won't hear me leaving) ! La voix de Kate Bush, vers la fin, est semblable à celle d’une sorcière nordique qui lancerait des incantations à la mer depuis son rocher, c’est merveilleux. Mais mon titre préféré de cette deuxième face, celui qui accompagne Cloudbusting au sommet de cet album, est bien Waking the Witch, un pur bijou de la musique électronique. Il s’ouvre sur cette introduction nébuleuse, succession de voix et de visages, de rêves et de souvenirs qui s’entremêlent, accompagnée d’une très belle composition au piano. Les notes rencontrent de sublimes créatures marines qui tournent autour, poussant des cris extraordinaires, à l’ordre d’une Kate mystérieuse leur soufflant un “Little light” (est-ce des poissons lanternes ???  Je n’ai aucune idée du bruit que peuvent faire ces animaux fascinants, je devrais peut-être rebrancher National Geographic). Puis, on nous annonce l’arrivée de l’inquisiteur, par cette effroyable phrase aux accents sectaires qui fait froid dans le dos : Don’t you know you’ve kept him waiting ? Look who’s here to see you…  Et c’est là que les choses s’emballent...   Le doux rêve tranquille vire au cauchemar, et on est traînés jusqu’à une salle de torture, à l’ère où les femmes étaient noyées pour sorcellerie, et où la peur du Diable était dans tous les esprits. Pierre connaît déjà ma grande passion pour le personnage de la sorcière, et je trouve que Kate est vraiment parvenue à capturer l’angoisse des femmes qui étaient persécutées. On a les cris tourmentés, la voix démoniaque du prêtre, les instruments se fracassent les uns contre les autres, et engendrent une atmosphère anxiogène et lourde. On voit des flashs, des images déchirées et enflammées, et ci-et-là, l’horreur se fait entendre.   Les cloches grondent le glas. Les prières d’exorcisme palpitent. La foule vocifère les accusations. Et Kate Bush s’échappe en oiseau… Alors qu’au même moment, un hélicoptère annonce la présence des secours. Waking the Witch est comme un petit film d’horreur auditif. Sortir, en 1985, une musique aussi radicalement moderne relève de l’avant-garde de premier ordre.   C’est fou, rien ne semblait être du même acabit à l’époque en termes de technique, de style et d’ingéniosité.

Hounds of Love est un réel voyage au sens strict du terme, on passe d’un état à l’autre, d’une émotion à l’autre, et on part sur une mer hostile pour se confronter à des créatures surnaturelles, et ainsi mieux se trouver, se comprendre, et pour mieux appréhender la noirceur du monde. Comme une quête initiatique. Kate Bush nous montre que même dans les moments les plus sinistres et quand on croit avoir tout perdu, il faut continuer de se battre et de garder espoir. Après tout, “"Tiefer, tiefer. Irgendwo in der Tiefe Gibt es ein licht”.   Cet album est mon préféré de Kate Bush, car il représente tout ce que j’aime chez elle, et semble être l’apothéose de son travail. Il est pour moi la quintessence des années 80 dans ce qu’elles avaient de plus belles, créatives, audacieuses, aventurières, mais aussi festives, légères et délirantes, et est aujourd’hui souvent considéré comme l’un des meilleurs albums de tous les temps, montrant que sa résonance est particulièrement forte. Je ne sais pas si j’écouterai encore Kate Bush à 50 ou 60 ans, mais une chose est certaine, cet album, avec The Dreaming, aura eu une immense influence sur ma personne. J’apprends encore de ce disque, découvre des sons nouveaux à chaque fois, et me perds des heures durant dans ces nombreux paysages sonores qui semblent ne jamais s’épuiser. Merci Kate Bush pour ce si beau travail. <3

Pierre a écrit: ... Un truc que je n'avais jamais vu, mais ça valait son pesant de cacahouètes! KB reçoit un prix en 86 lors des "New Music Awards" (aux USA j'ai l'impression ). Bien-sûr, elle ne vient pas récolter sa récompense en personne mais a tenu à être présente à distance. Quelle mise en scène étrange... (il faut regarder jusqu'au bout!):

hiram33 a écrit:Je me demande quels sont les complices qui tiennent les girafes...

Jean-Marc a écrit:Ca donne l'impression qu'elle se fout de leur gueule!!

Maxence a écrit:Désolé d'ailleurs pour le lien, mais j'envoie depuis un téléphone donc je ne crois pas avoir accès à la rubrique youtube sur le forum.