2011-"Director's Cut"

"Director's Cut"... 5 ans après

Voilà, je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de confronter ce que nous ressentons à l'écoute de cet album 5 ans après. Nous avions beaucoup échangé à ce propos à sa sortie, mais étions nous si objectifs? KB n'avait rien sorti depuis 6 ans et l'excitation d'une "nouveauté" aurait-elle pu affecter notre sens critique? Que pensons-nous vraiment de cet album avec un peu de distance (temporelle et émotionnelle).

Perso, voilà où j'en suis maintenant.

Tout d'abord, c'est l'album qui me séduit le moins de toute sa discographie (j'exclus bien-sûr "The Whole Story" qui ne représente -à mes yeux- aucun intérêt!) car je ne parviens pas à le considérer comme un véritable album à part entière. Tout d'abord, parce qu'il n'y a réellement aucune démarche créative, ou si peu... Les chansons existaient déjà, et de plus étaient extraites des deux albums qui me touchent le moins. Ensuite parce qu'elle a passé un temps fou sur ce projet, et le résultat de "refonte" des morceaux n'est pas si impressionnant que ça, à part sur "Rubberband Girl" (mais c'est super mal mixé! J'aurais mis plus de gros son encore!) et "Moments of Pleasure" (qui apparaît enfin telle qu'elle aurait du apparaître sur "The Red Shoes").
"Flower of the Mountain" aurait pu justifier à elle seule la pertinence de ce projet, mais c'est à mon avis le plus gros massacre de l'album: les basses sont hyper saturées, la voix est vraiment horrible et le remixage rallongé n'apporte vraiment rien. Quant au texte, eh bien on peut vraiment se réjouir que les héritiers de Joyce aient initialement refusé l'utilisation du texte original car la musicalité du texte de KB, comme l'extension du propos (faire sortir le personnage du bouquin pour qu'il puisse réellement expérimenter le fond du discours) ont donné un relief à "The Sensual World" qui n'existe pas dans "FotM". Même si le texte de Joyce en soi est effectivement très beau (et musical), celui de KB est beaucoup plus adapté à sa propre démarche pour le coup "musicale".
"This Woman's Work" est une relecture plutôt intéressante, mais avec du recul, elle n'arrive pas à égaler l'originale, malgré sa couleur très sentimentale, et ce- principalement- à cause de l'interprétation vocale et le piano, beaucoup plus émouvants initialement. Les synthés de la refonte sont assez réussis (si on aime les synthés!) mais apportent un aspect- pour moi- un peu trop "froid". "Never be mine" est aussi une relecture plutôt réussie qui méritait qu'elle se repenche dessus.

Pour le reste, il y a d'abord les "erreurs de casting" : "And So is Love" et "Top of the City" n'auraient pas du apparaître sur "D'sC" car elles n'en deviennent pas plus séduisantes. Je pense qu'il n'y avait rien à faire sur "And so is love", je parviendrai jamais à aimer cette chanson que je trouve indigne du répertoire de KB. C'est très mauvais, à tous points de vue, refonte ou pas. "Top of the City" en revanche pouvait être améliorée, ça pourrait même être une très belle chanson, mais il fallait une restauration totale, une restructuration de fond en comble, et elle y a à peine touché!  

Ce qu'elle a fait de "Lily" et "The Red Shoes" est réussi, en particulier sur "Lily". Pour "The Red Shoes", je préfère finalement l'originale, mais j'aime bien aussi la version de "D'sC".
Pour "Song of Salomon", je n'en pense rien, l'originale était très bien et la nouvelle version n'apporte rien de plus.

Reste le cas "Deeper Understanding", relecture intéressante, mais finalement peu séduisante malgré toutes ses qualités (j'aime bien tout le passage avec l'harmonica, mais je n'en saisis pas vraiment la pertinence dans le cadre de la chanson!). Le lifting paraît un peu artificiel et forcé et l'option vocoder/voix de Bertie, même si elle est justifiée- est plutôt laide et paraît très pâle à côté de la performance éblouissante de Bulgarka.

Bref, 5 ans après, je reste assez dubitatif sur l'intérêt de cet album, à plus forte raison quand on prend en compte le temps qu'elle y a passé! Je suis content que l'album existe, je l'écoute parfois, mais j'aurais pu facilement m'en passer! Je trouve l'expérience "Close Up Series" de Suzanne Vega bien plus réussie, intelligente et justifiée. Le fait de réunir les chansons dans des cadres thématiques est vraiment intelligent, et se justifie pleinement d'un point de vue conceptuel. Pour "Director's Cut", ça ne dépasse pas le cadre de l'exercice de style, qui plus est sans réelle audace. Il aurait peut-être fallu que le tracklisting soit plus équilibré entre les deux albums. Perso à la place de "The Red Shoes", "And so is Love", "Song of Salomon", j'aurais retravaillé "Heads we're dancing" -sous forme d'une danse de salon, tango ou valse- "Reaching out" en plus apaisée, moins gueularde et peut-être "Love and Anger"... J'aurais pris "Top of the City", mais avec du gros boulot dessus!

Voilà. En gros, heureusement que très peu de temps après, il y a eu "50 Words for Snow"!

C'est amusant car sur le sentiment général, je suis d'accord avec toi Pierre : je ne considère pas non plus cet opus comme un album à part entière.
Tout d'abord parce que c'est impossible pour moi car les titres sont tellement attachés dans mon univers à leurs albums d'origine que j'ai tellement écoutés.
Et puis parce qu'ils sont revisités de façon très différentes.

Par contre dans le détail, quand on descends titre par titre, j'ai vraiment des différences d'appréciation avec toi.
Ceci dit c'est vrai que ces différences existaient aussi sur les versions originales.
Ce qui m'embête c'est que le travail de relecture est quasi inexistant sur certains titres :
- Top of the City (que je n'ai jamais aimé)
- And so is love (que j'ai toujours aimé )
Pas vraiment révolutionnaire non plus sur des titres que j'aime :
- Lily
- The Red Shoes
Pour moi, il y a 3 vraies réussites :
- The Song of Solomon
- This Woman's Work
- Moments of Pleasure
Et un ratage : Rubberband Girl.

Pour résumer, même si ce n'est pas un vrai album (c'est pas important), ce que je lui reproche c'est de ne pas vraiment avoir apporter quelque chose de nouveau sur tous les titres qu'elle a choisis. Il y a quand même la moitié où il ne s'est pas passé grand chose.
Je préfère pour ce genre de démarche un mal ficelé (pour moi) Rubberband Girl qu'un And so is love (que j'aime, je redis) où il n'y a rien de nouveau.

Alors, je vais vers ce disque de temps en temps pour écouter quelques titres seulement.
Je ne fais jamais cela sur les autres albums, sauf TRS pour lequel je saute 2 titres...

La question "est-ce un album à part entière ?" est assez amusante, quand on y pense.
Pour KB, il est évident que c'est le cas. Elle l'a précisé jusque sur la pochette : on y voit les marques "VI" et "VII" correspondant aux albums "The sensual world" et "The red shoes", et puis la marque "KT IX" à l'endroit où les négatifs se superposent.

Comme ce n'est pas une compil du genre "The whole story", on peut dire que c'est bien son "9ème album studio". Mais ça semble difficile de le placer sur le même plan que les autres, à cause de son contenu...
J'ai trouvé une réponse perso : pour moi, c'est son album numéro 8 et demi ! Après tout, ça fait le parallèle avec la cinéphilie (Fellini, of course) et ça colle avec l'imprssion que cet album est une annexe de deux albums plus anciens, un prolongement.

Il faut que je réécoute les morceaux ces jours-ci...

Pas un album... même pas un "best of"... difficile de qualifier ce disque, un peu patchwork.

Je l'écoute rarement en entier, uniquement par petites touches.
Il y a des titres qui n'ont pas grand chose à faire là. D'autres retrouvent une nouvelle vie en mieux... ou en pire

Flower of the Mountain:
En voilà une avec laquelle j'ai eu du mal: pour la voix comme pour le texte. Avec le temps, j'ai fini par m'y faire, mais je pense toujours que l'original avait plus de lyrisme et de légèreté.

Song Of Salomon:
J'adorais la version originale, une des rares réussites de The Red Shoes.
La nouvelle version n'apporte pas grand chose de plus, à part une légère différence de voix ... qui n'est pas flagrante vu que la partie haute a été supprimée.
Mais malgré tout, la nouvelle version n'est pas laide.

Lily:
Je n'étais pas très fan de la version originale... J'ai toujours pensé qu'il lui manquait un petit quelque chose pour en faire un titre génial.
J'adore la nouvelle version, qui apporte le petit grain de folie qui lui va bien.

Deeper Understanding:
Beurk pour la voix de Bernie, j'aime pas. La fin du morceau est intéressant mais ne suffit pas à faire monter le baromètre pour moi.

The Red Shoes:
Un peu comme pour Lily, je préfère la nouvelle version, même si je ne me roule pas par terre pour ce titre.

This Woman's Work:
J'ai envie de dire que j'aime bien l'ensemble des versions de ce titre... le nouveau n'est pas révolutionnaire.

Moments Of Pleasure:
C'était déjà un des titres phares de TRS, la nouvelle version ne la trahit pas.

Never Be Mine:
Une des plus belles réussites de Director's cut. J'aimais bien le titre sur TSW, mais il manquait de caractère...
Là la voix est parfaite, l'aspect "jazzy" apporte un vrai "plus". Mon chouchou, incontestablement.

Top Of the City:
Qu'est-ce qu'il fout là celui-là?
Franchement, beaucoup d'autres titres méritaient mieux (le duo avec Prince Why should I love you? par ex).
Je passe, comme je passe très souvent le titre sur ce disque .

And so is love:
Reprise sans intérêt...

Rubberband Girl:
J'accroche pas . Ce n'est pas complètement raté mais on aurait peut-être pu espérer mieux.

Ludovic a écrit:
J'ai trouvé une réponse perso : pour moi, c'est son album numéro 8 et demi ! Après tout, ça fait le parallèle avec la cinéphilie (Fellini, of course) et ça colle avec l'imprssion que cet album est une annexe de deux albums plus anciens, un prolongement.

J'aime bien l'idée!!
Bien trouvé.

tout d’abord sur la pertinence de ce disque. pour moi elle est nulle. j’ai toujours détesté les compilations, les reprises en général et l’association des deux n’arrange rien à l’affaire
ce que je trouve très ironique dans le titre de ce disque, c’est que personne ne me fera croire que KB (ha ha) n’a pas eu le director’s cut sur ces morceaux. donc je trouve le titre très opportuniste


flower of the mountain

je trouve cette nouvelle version toujours aussi décevante. j’ai l’impression persistante d’une forme de récitation de texte sans saveur. toute la sensualité de l’original est perdu. chanter avec un marshmallow dans la bouche ne rend pas plus sensuel même si un marshmallow c’est doux mais c’est aussi de la guimauve... après il y a le texte mais il n’était pas fait pour être chanter c’est le hic next

song of solomon

pas désagréable mais il me semble que je préfère l’originale

lily

J’ai toujours eu du mal avec la croyance de KB (sauf suspended in gaffa géniale ) mais il faut avouer que ce cri du coeur est vraiment très réussi. première exception à ma règle de la relecture

deeper understanding

chanson prémonitoire mais reprise pas vraiment pertinente. on avait compris. là on a l’impression un peu d’une explication de texte avec des arrangements cheap. la voix de bertie sorti d’un disque de Air au secours !

the red shoes

j’aimais bien l’originale et celle là est très bien aussi j’aime les deux en fait. il faut dire que c’est un grand morceau de KB

this woman’s work

cette nouvelle lecture est interessante et il y a certains arrangements assez beaux mais ça ne fonctionne pas vraiment avec le propos initial du morceau. c’est pas très cohérent à mon avis.

moments of pleasure

là mon mon coeur balance. cette version me semble plus cohérente avec le propos mais j’avoue que j’aimais bien le côté catchy de l’original

never be mine

comme on dit parfois rien que pour celle là l’album vaut le coup ce qui est totalement paradoxale avec mon intro mais n’oublions pas l’aphorisme il y atoujours une exception à la règle

top of the city

j’ai pas vu la différence. aucun interêt

and so is love

pareil next

rubberband girl

ou la je crois que KB est capable de faire un morceau rock sauf que pour le coup sur ce morceau ce qui cloche le plus c’est sa voix un comble quand on sait la voix qu’elle possède. sinon au niveau du mixage c’est n’importe quoi , d’ailleurs est ce que c’est mixé ? ça manque vraiment de niaque si elle a voulu faire un truc qui pète et puis les nappes de synthé en fond sonore me laisse à penser que c’est une vaste blague


en conclusion, je retiens lily, the red shoes et never be mine, un peu léger pour un disque. j’ai comme la vague impression qu’elle a voulu prendre à contre pied tous les pénibles des reseaux sociaux qui voulaient une compilation.

J'exhume le sujet des profondeurs d'une indifférence polie... Sur YT, une chaîne vient de publier (en anglais) une analyse de la carrière de KB avec un focus sur "Director's Cut". Outre le ton monotone et ennuyeux du narrateur, c'est apparemment plutôt bien fichu (je suis en train de l'écouter) entre explications des chansons, comparaisons entre les versions originales et celles remaniées, le tout entrecoupé d'interviews de Madâââââme pour illutrer le propos. Le descriptif:

In this episode of #JCsMusicology, we explore the enigmatic Kate Bush's work before her first hiatus.

After the release of "Hounds of Love", which is often regarded as one of the greatest albums of all time, Kate Bush would continue to develop as an artist with her follow-up album, "The Sensual World". After a four year gap, "The Red Shoes" would follow. In 2011, selections from each album would be re-recorded to create "Directors Cut", a cohesive album, that stands on it's own.

Only a genius like Kate Bush could so successfully execute such an eccentric project.

Comme je l'avais dit, j'ai pensé qu'il serait intéressant que pour chaque album (sauf "The Red Shoes"), j'intègre la petite (? parfois très étoffée... ) chronique que Maxence a rédigée dans le sujet des classements préférentiels. J'ai pensé qu'elle pourrait peut-être servir de base à des réactions ou une discussion concernant chacun de ces albums. En tout cas, c'est une façon de saluer cet effort tout à fait louable:

Maxence a écrit:



Je l'avoue, j’ai du mal à considérer Director’s Cut comme un album à part entière, tant le concept me paraît étrange…   Étant du même avis que Pierre, j’ai toujours vu ce disque comme une sorte de compilation. Après tout, il n’y a aucune nouvelle chanson, et les revisites sont en elles-mêmes très légères. Ce que j’ai écouté de cet album m’a franchement déplu.   Je précise que je me suis permis d’écouter “Lily”, “Rubberband Girl” et “Top of the City” pour TRS. La nouvelle production des titres arrive même à être moins bonne qu’à l’origine, car les instruments semblent vraiment étouffés. C’est comme si Kate Bush avait décidé de retirer aux chansons leur énergie et leur vitalité, comme sur Rubberband Girl. Je trouve sincèrement qu’elles sont affadies, et parfois même enlaidies, comme sur Deeper Understanding. Cette chanson est originellement si belle et si puissante, c’est un vraie déception pour moi de la voir “souillée” de cette façon sur Director’s Cut. Je trouve ces voix robotiques et dissonantes hideuses. Bien que l’idée puisse être justifiée par le propos de la chanson, ça ne marche juste pas à mon humble avis pour un refrain. La voix de Kate Bush me paraît aussi mauvaise sur certains titres, notamment sur Flower of the Mountain et Rubberband Girl, où elle est réellement désagréable à écouter pour moi.
Heureusement, tout n’est pas à jeter sur ce disque. J’aime beaucoup l’interprétation de Lily, et là pour le coup, sa voix fonctionne très bien et son énergie est communicative. Je la préfère peut-être même à l’originale, que j’ai écouté aussi il y a longtemps.
This Woman’s Work est très jolie aussi, bien qu'un peu trop léthargique. Je note qu'elle est vraiment parvenue à moderniser la production très années 80 de l’originale (qui me fait toujours penser à du Marc Lavoine... ), et à l’embellir avec ce piano rêveur et délicat.
Malgré ces deux beaux titres, le reste n’est franchement pas terrible.  
Je n’aime pas vraiment cet acharnement de Kate Bush à vouloir “imposer” aux gens les titres de ces deux albums réputés comme étant les plus faibles, à savoir The Red Shoes et The Sensual World. Cette idée d’améliorer les titres et le temps passé à le faire n’étaient pas justifiés, j’aurais préféré qu’elle fasse abstraction de ces défauts pour passer à autre chose, et proposer un tout nouvel album, un tout nouveau concept pour rebondir et justement faire oublier ces fissures. A la place, elle propose un album qui abaisse encore le niveau de ces chansons, et quelques années plus tard pour Before The Dawn, elle propose une set-list d’acte I qui exclut des albums comme Never for Ever ou The Dreaming, pourtant acclamés par les fans, mais qui fait la part belle à des morceaux d’albums moins considérés, comme TRS et TSW.  Je ne voudrais pas émettre de suppositions infondées, mais je pense que c’est son perfectionnisme qui agit, l’empêchant de se défaire de titres dont elle n’est peut-être pas forcément fière, et l’obligeant à vouloir les faire aimer au public. Je ne peux m’empêcher de trouver cela un peu triste.